V’là l’hiver : y a foule à l’asile,C’grand rendez-vous des crèvr’la faim ;I’ protest’, les sans-domicile,On n’peut plus dormir sur l’chemin.Sur l’gazon, plus moyen d’s’étendre.Ni d’grimper sur les arb’ touffus ;L’copain qui voudrait l’entreprendreS’réveill’rait plus.V’là l’hiver : des eaux, d’la campagneTout l’grand’ mond’ rapplique à Paris,C’qu’ï va s’en sabler du champagneDans les dîners à vingt-cinq louis !C’peup’ là n’craint pas les engelures.Y peut fair’ cent d’grés sous zéroYs’ont assez de pal’tots, d’fourruresPour leur t’nir chaud.V’là l’hiver : tandis qu’i’ s’amusentNous aut’ on meurt de faim et d’froid :C’est qu’y a pas de poël’ dans nos cambusesOn s’réchauffe en s’soufflant les doigts.Tous tes thé i t’refus’ du monde,Preuv’ qu’y en a qu’ont trop d’argent :Moi, j’ai beau r’tourner ma profonde,J‘découv’ rien d’dans,V’là l’hiver : à saison d’misére.Avec terreur nous t’voyons v’nir :Que d’prolos tu vas mener en terre ;Quand est-ce donc tout ça va finir,Penser qu’pendant c’temps d’aut’ rigolentSont bien chauffés, ont tout c’qui faut,Et qu’on les laiss’ s’fich’ de not’ fioleSans dire un mot !
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V’là l’hiver
Frank, J.
jeudi 16 février 2023, par
Texte de J. Frank (≤1898).
Paru aussi — avec le surtitre « Rimes d’un Trimardeur » — dans : Le Libertaire (1895-1899), nº 158 (4-10 décembre 1898).