Il fait frisquet, voici Frimaire ;Gare à ceux qui none pas de feu,Pour eux la saison victimaireNe sera pas dure qu’un peu ;Même celui-là qui turbineVa battre une rude débine,Le ciel est couleur de bitume,Le froid glace le bout du nezQui coule toujours par le rhume.Les pauvres sont de vrais damnés ;Pour eux souffrances millénaires,Au grand, bonheur des millionnaires !À peine couverts par vos hardes,Tous vous souffrez, pauvres déchards,Dans vos taudis, dans vos mansardes ;Mais les ventrus, mais les richards,Savent eux rendre somptuaireLa saison pour vous mortuaire.Bientôt viendra l’hiver d’un monde,D’un monde rude aux miséreuxOù des vautours la race immondeVit sur le dos des malheureux,Leur faisant l’existence dureEn tout’ saisons comme en froidure.
Frimaire
Grandidier, Louis
jeudi 16 février 2023, par
Texte de Louis Grandidier (≤1898).
Paru aussi in : Le Libertaire (1895-1899), nº 159 (4-10 décembre 1898).