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Pauvreté, c’est l’esclavage

Lachambaudie, Pierre

vendredi 17 février 2023, par claude

Texte de Pierre Lachambaudie (1848).
Liberté, liberté, mot sonore, doux songe
Que vingt siècles encore n’ont pu réaliser
Si tu veux que cc mot ne soit plus un mensonge,
Peuple, c’est le travail qu’il faut organiser.
Tant que tu tra1neras de rivage en rivage
Le boulet du mépris et de la pauvreté,
Ne parle pas de liberté,
La pauvreté, c’est l’esclavage.
 
— J’ai quitté ma chaumière et les champs pour la ville ;
D’un favori des cours je me suis fait laquais.
Je déplore parfois ma condition vile ;
Mais j’ai souvent du pain, dont souvent je manquais.
— Si tu portes encor, dans un honteux servage
Le sceau que l’imprima la domesticité,
Ne par !e pas de liberté.
La pauvreté, c’est l’esclavage.
 
— Passant, je veux te rendre heureux, approche, écoute,
Daigne de ma misère avoir compassion.
j’avais faim, j’étais belle, et bientôt sur ma route
Un abîme s’ouvrit… la prostitution !
— Ô femme, dont la honte a flétri le visage,
Femme, qui pour tout bien as reçu la beauté,
Ne parle pas de liberté.
La pauvreté, c’est l’esclavage.
 
Le pauvre, en ses haillons, sait bien qu’il n’est pas libre
Lorsqu’il passe courbé près des riches hautains.
Seul, le travail viendra rétablir l’équilibre
Entre les deux plateaux de nos divers destins.
Mais tant que pauvre et riche, en un duel sauvage,
Déchireront tes flancs, vieille société,
Ne parle pas de liberté.
La pauvreté, c’est l’esclavage.

Paru dans L’Accusateur public, nº 3 (18-21 juin 1848).

Paru aussi in : La Libre fédération : organe socialiste, syndicaliste, fédération (1915-1919), nº 5 (25 novembre 1915).