1Le drapeau, voilà l’arche sainte !Et des gens s’inclinent souventDevant quelque buveur d’absintheQui le porte flottant au vent.Les Villemer, les Déroulède,L’ont chanté sur des tons divers ;Cette tâche, je la leur cède,Pour d’autres je garde mes vers.Qu’un autre de gloire se griseEn célébrant les trois couleurs,Car ce drapeau-là symboliseDésillusions et douleurs.2Vous en vantez l’azur sans tacheÔ bourgeois ! qui d’un air vainqueur,Tout en vous frisant la moustache,Parlez de patrie et d’honneur.D’allumer la guerre cruelleVous vous faites un triste jeu,Et le peuple, dupe éternelle,Vous croit et n’y voit que du bleu.Qu’un autre de gloire se griseEn célébrant les trois couleurs,Car ce drapeau-là symboliseDésillusions et douleurs.3Le blanc qu’à l’azur on accole,En votre étendard encrassé,De la pureté faux symbole,Fut par la honte éclaboussé.De ce calicot d’un blanc saleVous voudriez faire un linceulPour ensevelir la SocialeDont le bras vous menace seul.Qu’un autre de gloire se griseEn célébrant les trois couleurs,Car ce drapeau-là symboliseDésillusions et douleurs.4Le rouge seul pouvait encoreServir pour un guidon nouveauEt notre hampe s’en décore,Nous en faisons notre drapeau,Car vous ne sauriez faire vôtreSon éclat tant éblouissant,Oui, cette couleur est la nôtreElle est faite de notre sang.Qu’un autre de gloire se griseEn célébrant les trois couleurs,Car ce drapeau-là symboliseDésillusions et douleurs.
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Les
Trois couleurs
Herbel, Émile
dimanche 19 février 2023, par
Texte d’Émile Herbel (1889).
Paru dans L’Attaque : organe socialiste révolutionnaire (1888-1890), nº 39 (27 avril-4 mai 1889).