1Bois, chante et ris, être ignoble et fossile,Bourgeois ventru qu’engraissa Jean-le-Gueux ;Va, ribaude, vieux paillard imbécileEt satisfais tes besoins crapuleux.Mais hâte-toi : éventre ta sacoche,Sème ton or, jouis ! Seigneur brutal.Voici la Rouge. en grondant elle approcheEt va sonner le glas du Capital.Garde au cœur tes haines farouchesPeuple, qu’affame l’exploiteur.Voici venir les escarmouches,Puis le combat libérateur.2Et toi, bavard, mandataire infidèle,Député-roi que n’atteint plus Thémis,Détrousse-nous ! Ton trône qui chancelleVa s’écrouler sous les feux ennemis,Abreuve-toi dans les flots du Pactole,Car tu peux voir demain en tes palaisSourdre la Rouge, invulnérable idole,Venant tinter le glas des roitelets.Garde au cœur tes haines farouchesPeuple, pour l’État oppressif :C’est le moment où les cartouchesCrépitent gaîment dans l’air vif.3Le peuple enfin prépare la révolteQui doit briser les spectres et les rots ;Il veut, dit-il, l’abondante récolteDu sol, l’outil, la mine et les grands bois.La Liberté, c’est l’amante qu’il rêve.Pour l’obtenir, il t’appelle à grands cris,Déesse Rouge, au formidable glaive,Qui vas tonner au vieux monde : péris !Garde au cœur tes haines farouchesPeuple, que rançonnent les lois,Et supprime les vieilles souchesD’où sortent les voleurs bourgeois !
La
Rouge
Mougin, S.
lundi 20 février 2023, par
Texte de S. Mougin (1889).
Paru aussi in : L’Attaque : organe hebdomadaire anarchiste (1888-1890), nº 52 (16-23 novembre 1889).