1Le blé, fis des terres fécondesSous l’œil ardent de MessidorMet son manteau de gerbes blondesRutilant de paillettes d‘or,Aux plis houleux comme des ondes…Passe ton chemin, Miséreux,Va mendier le ventre creux ;J’ai du pain blanc pour les heureux !2Le raisin dont le sang ruisselleEmpourprant le cep du coteauDans la panse des grappes cèleLe chaud baiser du vin nouveauQui fait qu’on chante et qu’on chancelle…Passe ton chemin, Miséreux,Et dans ta main bois l’eau des cieux ;J’ai du vin clair pour les heureux !3La fille à la lèvre écarlate,À la fraîcheur de fruit tentant,Dont la gorge de sève éclateRit aux tendresses du printempsEt sa caresse berce et flatte…Passe ton chemin, Miséreux,Écrase ton cœur, si tu peux,Je vends de l’amour aux heureux !4L’ouragan, dans sa rage, aspergeLes chiens et les passants, devantL’enseigne de la bonne aubergeQui crie aux sifflements du vent :« Ici l’on gîte, et l’on héberge… »Passe ton chemin, Miséreux,Feux réchauffants et lits moelleuxSont faits, vois-tu, pour les heureux.
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Les
Voix du chemin
Bonnier
mercredi 22 février 2023, par
Texte de Bonnier (≤1899). Musique par Eugène Suller.
Paru aussi in : Le Libertaire, 2e série (1899-1899), nº 6 (24-30 septembre 1899).