Un soir, fatigué de la vieBanale, assoiffé de NouveauJe partis avecque ma mie.Nous suivîmes le bord de l’eau.Nous passions les nuits a l’aubergeDans de grands lits sentant le foin.Elle avait des pudeurs de viergeEn se dégrafant dans un coin.Ses baisers, serments et caressesÉvoquaient en moi le passé ;— Mon passé lointain de promesses —Et j’espérais,… quoique lassé.Je la vois encore à l’aubergeDormir doucement dans mes bras.Ses seins durs dont la pointe émergeLentement, soulèvent les draps.Un matin, pourtant, à l’aurore,Malgré mes pleurs elle s’enfuit.Un autre amour venait d’écloreDans son pauvre cœur plein de nuit.Nous passions les nuits à l’aubergeDans de grands lits sentant, le foin.Elle partit, longeant la berge.— Que ce passé me semble loin ! —Tristement je repris ma course,Heurtant les cailloux du chemin,Ayant le diable dans ma bourse.Mais, je ne tendis pas la main.Chaque nuit, auprès des aubergesJe m’endormais dans quelque coin,Et je rêvais de filles viergesQue je voyais au loin,… au loin.Je trouve bien longue la routeAu bout de laquelle est mon but.Demain, j’arriverai sans doute,Mais à l’état de vieux rebut.Alors, doucement, sur la bergeOù sous un pont j’irai dormir.Et si le fleuve me submergeTant mieux. Il faut bien en finir !
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La
Chanson de l’errant
Rainaldy, Henri
mercredi 22 février 2023, par
Texte d’Henri Rainaldy (≤1900).
Paru aussi in : Le Libertaire, 3e série (1899-1901), in nº 14 (4-11 février 1900).