Aristide

1

Quand t’étais dans la déchet

Avocat sans soulier,

La Fortune revêche

T’a fait conférencier.

À « l’Action syndicale »

T’excitais l’travailleur,

Et la grèv’ générale

Était 1 moyen l’meilleur

Loin dzêta’ réacteur

T’étais saboteur…

Ou agent provocateur !

 

(refrain)

Aristide ! Aristide !

D’là réaction t’es l’soldat ;

L’Prolétaire

T’considère

Comme un traître, un Renégat !

Aristide ! Aristide !

R’niant tes discours d’autrefois,

Pour leur plaire,

Tu sais t’faire

Le larbin des grands Bourgeois !

 

2

Maintenant qu’t’es comme un prince,

Des Bourgeois, tremblant d’peur,

D’Paris et d’là Province,

T’es dev’nu le sout’neur.

Et pour qu’ils se rassurent

Tu fais j ter en prison

Les prolos qui murmurent :

Ils oublient d’cett’ façon

Qu’par tout le pays

T’as dit aux amis

D’prendr’ des piques et des fusils !

 

3

Lorsque des prolétaires,

Las de s’faire exploiter,

Pour de meilleurs salaires

Osent se révolter

T’envoies de la police,

Des gendarm’s, des dragons.

Pour soutenir la jaunisse

Et défendr’ les patrons ;

C’est depuis peu, car

T’as chassé l’ « Renard »

Et bouffé l’blair au flicard !

 

4

Coram’ ton ancien complice,

Clemenceau le Sanglant,

T’es prêt à c’que l’sang pisse

Dans le ruisseau puant.

Quand la classe ouvrière

Os’ra d’nouveau songer

À crier sa misère

Et se mettre à bouger !

À c’coup, mon salaud,

J’donnerai pas gros

De ta répugnante peau.

 

5

Mais malgré ta police,

Tes gendarm’s, tes dragons,

Oui, malgré ta jaunisse,

Tes bagn’s, tes prisons,

Sans craindre une minute

L’interdiction d’séjour,

Nous poursuivrons la lutte

Et cela jusqu’au jour

Où l’évolution,

La Révolution,

F’ront notre Émancipation !