À nos amis Platel et Commeignes, de Méru, les derniers poursuivis
1La République s’embourgeoiseEt rend les humbles malheureux ;Dure au peuple, Elle cherche noiseAux esprits fiers et valeureux ;Sans répit la Gueuse emprisonneChez ceux qui se proclamaient siens,Tout ce qui pense, agit, raisonneComme osaient ouvrer les anciens.2Pour de vénales épousailles,Dégrafant tunique et maillot,Du lit des bandits de VersaillesElle chut aux bras d’un Caillaux !Apostate, Elle offre pour gages,Au capitaliste exigeant,Nos amis en guise d’otagesQuand de terreur frémit l’Argent.3Elle veut de l’or et des larmes,De la douleur, d’affreux sanglotsLe meurtre d’ouvriers sans armes,Du sang vermeil coulant à flot ;Mais qu’un lutteur à l’âme ardenteLui jette au front tout son mépris !La Gouge ignoble mais prudenteLâchement met sa tête à prix.4Malheur à qui s’affirmant libreEt voulant manger à sa faim,Réclame un meilleur équilibre,Un plus juste partage enfin ;À ce désir, fort équitable,Marianne Trois répond : Non.Pauvre tu n’as droit qu’à la tableDes prisons ou du cabanon.5Ç’en est trop ! Vrai, l’acte dépasseLa limite des faits permis ;Impure ! écoute dans l’espaceGronder ton glas in entremis.Travailleurs ! il faut vous défendreContre les bourreaux affolés,Sans retard nous devons reprendreLes trésors qu’ils nous ont volés.6Marâtre dont l’orgueil insulteUn peuple après l’avoir floué,Il est loin de toi tout ce culteQue le pays t’avait voué ;Que demain la Révolte éclateEt que tes jours soient en péril,Pour ta défense, ô Renégate !Nous ne bougerons pas un cil.(envoi)Tu peux nommer délit ou crimeNos efforts divers, — peu nous chaut !L’Idée emporte qui l’opprimeMais ne meurt pas dans un cachot.