1L’autre jour, l’empereur de Russie,Qui v’nait de perdre aux dominos,Dit : « Mes ministr’s c’est des fourneaux ;« J’vas les fout, tous en Sibérie.« Ces gens-là n’song’et qu’à rigoler,« Y n’pens’nt pas qu’cett’ nom de dieu d’fête« Nous a coûté les yeux d’la tête…,« J’vas sal’ment les engueuler !2« En v’la des frais et d’la dépense !« Mes cosaqu’s qui vont faire un nez,« Diront que j’les ai ruines,« Pour me mettr’ bien avec la France.« C’que ça dévor’ tous ces gens-là,« D’la finance et d’la politique !« Et les présidents de République,« C’que ça mang’, je n’vous dis qu’ça ! »3App’lant son ministr’ des finances,Y lui dit : « M’sieur, j’suis pas du tout« Content : écoutez et restez debout,« J’aim’ qu’on conserve les distances :« La France a fini ses ébats ;« À Paris, Lyon et Marseille,« L’mot alliance a fait merveille,« On a crié Viv’ Nicolas !4« Or, monsieur, après les aubades« Il faut songer au sérieux.« Vous savez qu’sous la voûte des cieux« On n’vit pas que d’rigolades.« Profitant d’l’instant opportun« Et du crédit que l’alliance« Nous a donné dans tonte la France,« N’s’rait-ce pas l’moment d’faire un emprunt ? »
10 septembre 1897.