1La moustache à la Badinguet,Le front bas et velu, l’œil terne,La voix d’une vieille baderneEt l’oreille toujours au guet…Voilà l’gendarme,Présentez arme !2Ne jurant que termes légaux,Lier de sa taille et de son sabreDe son cheval quand il se cabre —Pour taire ranger les badauds…Voilà l’gendarme,Présentez arme !3Amoureux de son baudrier,Et l’esclave de la consigne,Il obtempère et sur un signeIl bourre comme un sanglier…Voilà l’gendarme,Présentez arme !4La forme du gouvernement,C’est le cadet de ses jugeotes,Pourvu qu’il ait ses grandes bottesEt sa femme au casernement…Voilà l’gendarme,Présentez arme !5Homme de flair et de raison,Très économe et méthodique,Il n’est pas d’humeur prolifiqueOu tout au moins dans sa maison…Voilà l’gendarme,Présentez arme !6Serviteur de l’autorité,Au moindre mot il verbaliseAu nom de l’ordre et de l’ÉgliseEt du droit de propriété…Voilà l’gendarme,Présentez arme !7Ne gobant pas les travailleurs,Aux jours de grève et de cohue,Le sabre au clair, il charge et tueSur l’ordre des grands malfaiteurs…Voilà l’gendarme,Présentez arme !8Un jour, lâchant les garnisons,Fier de ses états de services,Il s’en va vivre en lieux propicesDes rentes que nous lui faisons…Voilà l’gendarme,Présentez arme !
15 novembre 1897