À tous ceux qui peuvent s’y mirer et s’y voir, je dédie ces vers.
1Les mots d’honneur, de probité,Un peu partout dans notre France,Par les preux de l’honnêtetéSont savourés tels du lard ranceMais Bobèche sur ses tréteaux,Qu’il soit Crampois ou bien Deville,Fait toujours des petits bateauxPour la « canaille », enfant servile.2Marat. Babeuf, enfin Blanqui,Sont du Passé que l’on renie.Arlequin est n’importe quiDans le Présent, qu’on glorifie ;Prenant le chemin d’un Clément,Dans ses souliers [1], parvient de suite ;Mère Sociale est sa mamanCar son bon lait, l’élève vite.3Pour Ion estomac bedonnantQuand il se trouve à la Bataille [2],Il chante, ô bourgeois ruminantLe couteau qui fera l’entaille.Mais député, gras et cossu,Mieux qu’un bon moine de Thélème,Il sait goûter le trop-perçuEt défend les bedons qu il aime.4Narguant les noirs de sa couleur,Il court marchander ses pastilles :« Vous aurez, nègres, ma blancheur,La force à prendre des Bastilles. »Des pardessus pour candidats,Sa tête qui jamais ne change,Des rouges fleurs pour ses soldats,En convaincu fait-il l’échange.5Un baron s’unit au soudardEt, pour les presser à se taire,Le laid bourdon pique du dardLes punaises de presbytère.Dedans (!), oh ! pour vous ouvriers,Jamais il ne pense et ne bougeMais dehors (!), il vous veut rentiers [3],Et dans son lit, il voit du rouge.6Un autre encore, fameux tribun,S’en va danser la Carmagnole.Ses rejetons sont au JourdainOu baisent les pieds d’une idole ;Pour le bien de l’Humanité.Il est le seul qui raisonne.Demain il fera l’UnitéEn ne comptant que sa personne.7Leurs plats valets [4], sont des docteurs,D’anciens curés recrutant l’âme.Les moindres pions sont rédacteurs :À mieux torcher, je les condamne.Dans leur « maison », si nous entrons,Tout ce troupeau surgi de l’ombre,Nous fait l’effet de ces étronsQui nous effrayent par leur nombre.8Chiens et bergers ont des agneaux,En ce jour dépourvus de laine,Ils n’ont plus que la peau, les osPauvres Jonas pour la baleine,Servant ton frère, ô Rochefort,Pour bien sauver la République,ils vont toujours gueulant plus fortEt sont présents à la réplique.9Parfois des lions prêts à bondir,Des gueux flétris par la misère,Lorsque l’avril va refleurir,Ont affronté votre colère.Gredins de tous et de partout,Qui bénissez coups et torgniolles,Prenez garde qu’un de ces jours,Demain, vous fassent d’autres fioles.