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Chanson

Boissie, Pierre

lundi 6 mars 2023, par claude

Texte de Pierre Boissie (≤1902).
C’était un gueux qui, par les rues,
Portait son audace bourrue,
Édifiant les déshérités
Qui vivent de mendicité.
 
Ah ! disait-il, frappant aux portes
Des bourgeois riches, qu’on m’apporte
Du pain
Et, pour rompre un jeûne sévère,
Près du bon pain qu’on mette un verre
De vin.
 
Je n’ai plus rien, ni sou ni maille ;
Mais j’ai des gars, de la marmaille
Qui court.
Donnez quelque chose aux mioches,
Pour eux qu’on sorte les brioches
Du four.
 
Et j’ai laissé ma vieille femme
Courbée sur un foyer sans flamme,
Morbleu
Chargez de bûches mes épaules,
Que j’aille faire dans ma « Taule »
Du feu !
 
Les bourgeois effrayés, des huches
Tiraient le pain, changeaient les bûches,
Transis,
Et le pauvre, las de maudire,
Laissait tomber dans un sourire :
Merci !
 
Mais, quand par les bouches muettes,
Le dédain que rien n’inquiète
Parlait,
Le bon diable, en bêle féroce,
Pour sa compagne et pour ses gosses,
Volait.
 
C’était un gueux qui, par les rues,
Portait sa révolte bourrue.

Paru aussi in : Le Libertaire, 4e série (1899-1901), in 9e année, nº 6 (14-21 décembre 1902).