Quoi qu’je m’sente encore assez d’sangFour en fabriquer un p’tit mioche !…— Même que j’y donn’rais la brioche,Pour pas qu’i pleure, à c’t innocent,Eh ! ben ! j’en frai pas de c’te vie…J’aurais trop peur que l’chérubin,Après la brioche, n’ai pas d’pain !Et n’respire pas à son envie !…Encor, si j’avais un’ maison,Une langu’ de terre et un’ charrue…J’ dirais : « Y s’ra pas dans la rueS’il arrive un’ mauvais’ saison…Il vivol’rait p’t’être à la douce…Et il égaierait mes vieux ans !…À moins qu’un boulet en rasantMe l’enlèv’… quand y s’rait pouss’-pou’sse.C’est bien c’qu’arrive l’plus souvent…Pour des chos’s qu’on peut pas bien direOn avanc’ qu c’est comme l’délire…On l’sait pas plus après qu’avant…Les grands homm’s disent que c’est « nécessaire »…Qu’ ça régénèr’ les habitants…Qu’c’est pour ça qui faut des « enfants » !Dame ! c’est vite arrivé… la guerre…Ah ! des enfants !… J’leur en f’rai pas !…J’leur en f’rai pas ! des bébés roses !……Mon sang s’ fout de leurs apothéoses !…Y vit pas pour marcher au pas…Y veut pas blêmir sous l’insulte !…Y vit pas pour ce genr’ de sport.…Pour le répandr’ : faut qu’on l’consulte !Y s’ fout d’la forc’ !… du fanfaron !…Qu’on chant’ la croix et la bannière :Y finira pas sa carrière,Sur un canon, dans un juron !…Il a trop enduré d’misèrePour procréer des miséreux !…Il a trop vu de ventres creuxPour engrosser celui d’une mère !Et ce serait si bon, pourtant,De voir la femme dorlotantLe petit près de la grand’mère.
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Paternité
Galilée, Charles
lundi 6 mars 2023, par
Texte de Charles Galilée (1901).
Paru aussi in : Le Libertaire, 4e série (1899-1901), in 8e année, nº 3 (30 novembre-6 décembre 1901).