Proclamation de l’Union socialiste

1

Lors du dernier grand’ Congrès socialiste,

Ouvert dans l’but d’organiser l’union,

À l’unanimité les congressistes

Résolur’nt de prendre une décision ;

Il s’agissait de rédiger le texte

D’une très important’ proclamation

Pour affilier en un beau manifeste,

De tous les clans socialistes, l’union.

 

2

Un orateur, montant à la tribune,

Dév’loppe un projet de déclaration !

Le clan contrair’ qu’son discours importune,

L’interrompt par de viv’s protestations ;

Les dissidents n’ayant pas l’âme veule,

De gros mots on en vient bientôt aux gnons,

Et l’on se fout des coups de poing sur la gueule !

Dans tout’ la salie, aux cris de : Viv’ l’Union !

 

3

Le président, suspendant la séance,

Fait procéder alors à l’expulsion

Des mécontents ; un’ moitié d’l’assistance

Doit déserter de forc’ la réunion ;

Puis l’orateur regagne la tribune,

Mais sur un mot malheureux, un’ fraction

D’avis contraire et d’vigueur peu commune,

Engueul’ les autres aux cris de : Viv’ l’Union !

 

4

Un’ moitié d’ce qui restait d’l’assistance

Est, à coups d’poing, chassé’ d’la réunion,

Puis l’orateur, plein de persévérance,

Reprend le cours de sa déclaration ;

Quand, tout à coup, un’ bonn’ partie d’la salle

Dont un mot vient contrarier l’opinion,

Contr’ l’orateur trop éloquent, s’emballe,

Et tomb’ sur lui aux cris de : Viv’ l’Union !

 

5

Sur ce, bagarr’. bataille générale…

On expuls’ l’orateur et ses amis :

Il ne restait, après ça, dans la salle,

Qu’dix congressist’s désirant à tout prix

Faire l’union : mais l’un d’eux vient à dire

Quéqu’ chose qui dépliait à ses compagnons,

Et. huit d’entre eux, dignement, se retirent

En protestant aux cris de : Viv’ l’Union !

 

6

I’s n’restaient qu’deux ; un’ question de tactique

Vient apporter entre eux le désaccord ;

Et le plus fort, citoyen énergique,

Flanque aussitôt le plus faible dehors ;

Puis, resté seul, le dernier congressiste,

À l’unanimité, sans restriction,

De tous les clans du Parti socialiste

Parvient enfin à proclamer l’Union !