1Comme c’étaitLe jour des Rois qu’on fêtait,En une immense tabléeLa famille assemblée,Ce soir-là, se mêla :---« Tire-la, « La Fève bien culée ! »2L’antan grondaitEt dans l’âtre énorme ardaitUne symbolique bûche ;Le vin moussait en cruche ;La galette était là :— « Tire-la,« Tire-la de la huche ! »3Le Gâteau vint.Le père l’ayant aveint,Il y tailla de sa lameDouble part à sa femme,Une à tout autre ; et puis :« Tire l’huis ! »Laissa la part de l’âme.4Presqu’aussitôt,Voulant sa part du Gâteau,À la porte de la fermeL’Âme vint, la voix ferme,Réclamer que l’on mit :« Tire-m’y ! »À sa fringale un terme.5L’huis, en s’ouvrant,Laissa pénétrer, navrant,Un pauvre, nu comme glaive :C’était l’âme, le Rêve.Le Gueux fut élu roi,— « Tire droit ! »Sa part portant la Fève.6Et l’Âme dit : « Le vrai Roi, sans contredit,« N’est pas celui-là qui trône.« Sache ce que vaut l’aune« De Droit et de Pouvoir ;« Tire voir ;« El les grands riront jaune.7« Peuple, c’est toi« Qui demain seras le Roi !« Fais germer la Féverole,« Ouïs la Bonne Parole ;« Et les rois installés,« Tire-les !…« Chantons la Carmagnole ! »
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Chanson d’Épiphanie
Bercy, Léon de
lundi 6 mars 2023, par
Texte de Léon de Bercy (≤1902). Sur l’air traditionnel : « La Femme du roulier », puis musique par Jean Cerneuil.
Musique de Jean Cerneuil parue chez Ondet.
Paru aussi in : Le Libertaire, 4e série (1899-1901), in 8e année, nº 9 (12-18 janv. 1902).