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Chanson d’Épiphanie

Bercy, Léon de

lundi 6 mars 2023, par claude

Texte de Léon de Bercy (≤1902). Sur l’air traditionnel : « La Femme du roulier », puis musique par Jean Cerneuil.
1
Comme c’était
Le jour des Rois qu’on fêtait,
En une immense tablée
La famille assemblée,
Ce soir-là, se mêla :
---« Tire-la, « La Fève bien culée ! »
 
2
L’antan grondait
Et dans l’âtre énorme ardait
Une symbolique bûche ;
Le vin moussait en cruche ;
La galette était là :
— « Tire-la,
« Tire-la de la huche ! »
 
3
Le Gâteau vint.
Le père l’ayant aveint,
Il y tailla de sa lame
Double part à sa femme,
Une à tout autre ; et puis :
« Tire l’huis ! »
Laissa la part de l’âme.
 
4
Presqu’aussitôt,
Voulant sa part du Gâteau,
À la porte de la ferme
L’Âme vint, la voix ferme,
Réclamer que l’on mit :
« Tire-m’y ! »
À sa fringale un terme.
 
5
L’huis, en s’ouvrant,
Laissa pénétrer, navrant,
Un pauvre, nu comme glaive :
C’était l’âme, le Rêve.
Le Gueux fut élu roi,
— « Tire droit ! »
Sa part portant la Fève.
 
6
Et l’Âme dit : « Le vrai Roi, sans contredit,
« N’est pas celui-là qui trône.
« Sache ce que vaut l’aune
« De Droit et de Pouvoir ;
« Tire voir ;
« El les grands riront jaune.
 
7
« Peuple, c’est toi
« Qui demain seras le Roi !
« Fais germer la Féverole,
« Ouïs la Bonne Parole ;
« Et les rois installés,
« Tire-les !…
« Chantons la Carmagnole ! »

Musique de Jean Cerneuil parue chez Ondet.

Paru aussi in : Le Libertaire, 4e série (1899-1901), in 8e année, nº 9 (12-18 janv. 1902).