1J’ai jamais r’chigné la besogne,Jamais feignant, jamais clampin.Quoi qu’ça m’a mis d’bon sur mon pain ?J’suis pauvr’ et lors suspect aux cognes.2Ainsi, tout l’été, j’ai trimé.Bientôt l’hiver ! M’en vais chômer.C’est l’moment d’ma villégiature,D’ma villégiature à la dure !3J’pourrai fair’ comme les cossusQui vienn’ contempler ma patrie.Mais j’n’aurai point ed’ pardessus.Sacré non d’un chien, ça m’ennuie !4Dis donc, patri’, paie-moi eun’ p’lure,Eun’ couverture, eun’ pair’ d’chaussure,Dis, m’amour, dis, patrie amère,Qu’on prétend mêm’ que t’es ma mère !5Ai-j’ pas sué pour ta richesse ?S’ra donc pas dit que tu me laisses.T’engraiss’ ben les gros magistrats…N’ien a-ti donc que pou les gras ?6On gagne un pain dur, souvent point ;La liberté se trotte au loin,Dans la patri’ de Guillaum’ TellEt de l’industri’ des hôtels.7E t v’là qu’le pain a augmenté,Et pou les goss’ le lait trop cher :Dans le pays des vach’ laitières,C’est-i pas eun’ calamité ?8Ah ! tout va mal. C’est pas folâtre,Et c’que les pauvr’ i s’en ressentent !Ia des jours où on pourrait battreL’Roulez, tambours dessus nos ventres.9Et dir’ qu’tout les chanc’s on les a :L’patrie, l’suffrag’, des secoureux,Ia même un Dieu des malheureux !Qué’ qu’ça s’rait si ien avait pas ?
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Voix dans la rue [1]
Père Ausabois, le
samedi 11 mars 2023, par
Texte du Père Ausabois [pseud.] (≤1906).
Suivi du titre homonyme ?
Paru aussi in La Voix du peuple : journal syndicaliste paraissant tous les samedis (Lausanne, 1906-1914), in 1re année, nº 37 (22 septembre 1908).