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Les

Géants

Avray, Charles d’

vendredi 9 septembre 2022, par claude

Texte et musique de Charles d’Avray (1906). Harmonisation par Jules Legay (1873-1954).

« Avec le passé détruisons le présent pour devancer l’avenir. »
Ch. d’Avray

Puissant géant de Germanie,
D’Aquitaine et de Lombardie
Tu fis du pape un souverain
On faiblit devant qui l’ont craint
Charlemagne tu peux m’en croire
L’Église a taché ton histoire,
Législature et piété
Sont les maux de l’humanité
 
Toi qui t’en fus en Palestine
Défendre la terre latine,
Géant qui pour la croix fis vœu
De partir disant : Dieu le veut !
Défendant le père céleste,
Saint-Louis tu mourus de la peste,
La peste est la contagion
Que transmet la religion.
 
Guidé par la main d’une mère,
Géant d’un fanatisme austère
Médicis avec toi commit la triste Saint-Barthélemy
Charles Neuf cette nuit sanglante,
Frappa l’unité protestante
L’Église a du sang pour blason,
Peut-elle encore avoir raison ?
 
Abjurant le protestantisme,
Te livrant au catholicisme
Géant qui signa des deux mains
Le savant traité de Vervins.
En promulguant l’édit de Nantes,
Tu calmas deux parts discordantes,
Henri Quatre étais-tu damné,
Puisque tu fus assassiné ?
 
Géant à la soutane rouge,
Cardinal ministre d’un bouge,
Si dix-huit ans tu gouvernas
Ce sont des ans d’assassinats.
Et de par Marion Delorme,
Richelieu ton crime est énorme,
Plus sévère que tu ne crois,
J’en rends responsable ta croix.
 
Géant qui trôna dans l’intrigue,
Qui d’Augsbourg provoqua la Ligue,
Toi dont la profession de foi,
Se résout dans « l’État c’est moi »,
Louis Quatorze en toute franchise,
Tu fus l’instrument de l’Église
Toi qui révoquas cet Édit,
Par qui la paix avait grandi.
 
Toi que l’on mit aux Invalides
Fameux géant des Pyramides,
Toi qui fis Austerlitz, Eylau,
Friedland, Wagram, Waterloo,
Bonaparte, illustre vampire,
Premier consul avant l’empire
Toi qui signas le concordat,
D’un pape tu fus le soldat !
 
Plus de trente ans de République
Et toujours la même pratique.
Le fanatisme est de ce temps
Ce qu’il était voilà cent ans.
Car d’un pouvoir le pape abuse,
Le prêtre avec l’enfant s’amuse,
Mère ! prends garde à ce pourceau,
Qui guette ton fils au berceau.

Publié aussi dans le recueil nº 2 de Nos chansons (1920-1930) de La Muse rouge.

Paru aussi in : Manfredonia, Gaetano. — Libres ! Toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes au XIXe siècle. — Lyon : Atelier de création libertaire, 2011 (p. 160).