À François Marie, secrétaire de la Fédération des presses typographiques
« Enfants, voici les bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers. » Victor Hugo
1Enfants qui sortez de l’école,Joyeux, avec des rires fous,Courant, faisant la cabriole,Voyez là)bas vernir vers vousCe spectre, qui, de place en place,Glisse à petits pas réguliers.— Enfants ! c’est l’homme noir qui passe,Baissez, baissez vos tabliers.2Il va glissant d’un air sombre,Gais enfants aux charmants minois,Près de vos jeux, blotti dans l’ombre ;Là, ses yeux aux regards sournois,Dans son visage qui grimaceVous lancent leurs feux singuliers,— Enfants ! c’est l’homme noir qui passe,Baissez, baissez vos tabliers.3Ce monstre d’une race immondeQui fut, hélas ! durant des ans,Si redoutable pour le monde,Ne l’est plus que pour les enfants.Craignez du disciple d’IgnaceLes attouchements familiers.— Enfants ! c’est l’homme noir qui passe,Baissez, baissez vos tabliers.4Profitant de votre jeunesse,On vous fait croire à la maisonQu’un ogre vous guette sans cesseÀ toute heure, en toute maison.Non ! l’ogre méchant et vorace,Tant redouté des écoliers— Enfants ! c’est l’homme noir qui passe,Baissez, baissez vos tabliers.