1Debout à la pointe du jour,Pendant douze mois de l’année,Il bûche comme un sourdPour le pain de la maisonnée…les autres, pendant ce temps-là,Font leur somme à pleine paupière,Et quand ils mettent pied à terre,Le Pauvre Antoine est las déjà.Ah ! que t’es couenne,Mon pauvre Antoine !2Il déjeune, en un tour de main,D’un mauvais verre de piquetteEt d’un morceau de pain,Parfumé d’ail ou ce civette…Les autres, devant un chapon,Du vieux bordeaux ou du bourgogne,Qui rougit auprès de leur trogne,Sont attablés jusqu’au menton.Ah ! que t’es couenne,Mon pauvre Antoine !3Il habite un mauvais taudisOù sa maisonnée enfouieComme un tas de sourisSe dispute l’air et la vie…Les autres ont trent’-six maisons,À trent’-six places différentes,Beaucoup d’air, du soleil, des rentes,Et des fleurs en toute saisons.Ah ! que t’es couenne,Mon pauvre Antoine !4Il se croit fait pour la douleur,Pour le travail, pour la besace,Las d’être au monde, il meurt,Et ses enfants prennent sa place…Les autre meurent gras à lard,Laissant de quoi rouler voitureÀ leur digne progéniture,Qui se croit d’une pâte à part.Ah ! que t’es couenne,Mon pauvre Antoine !
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Mon pauvre Antoine
Clément, Jean Baptiste
lundi 8 mai 2023, par
Texte de Jean Baptiste Clément (≤1902).
Paru aussi in : Chansonnier de la révolution. — Genève : Le Réveil socialiste-anarchiste, 1902 (p. 90-91).