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Les

Larbins du Capital : ballade des galonnés

Perceau, Louis

dimanche 28 janvier 2024, par claude

Texte de Louis Perceau (1905 ?). Air connu.
1
Vêtus comme la valetaille,
Chamarrés d’or et de galons
Vous allez, sonnant des talons,
Portant haut et cambrant la taille,
Vous arborez, fi des chapeaux,
Des couvre-chefs carnavalesques…
 
Galonnés ! vous êtes grotesques
Sous le clinquant des oripeaux !
 
2
Monstres sans cœur et sans entrailles ;
Fous échappés des cabanons ;
Hideux pourvoyeurs des canons ;
Aux fusillades, aux mitrailles,
Vous menez ces tristes troupeaux
Dignes des hordes barbaresques…
 
Galonnés ! vous êtes grotesques
Sous le clinquant des oripeaux !
 
3
Toujours braves, dans les godailles,
Vous aimez les airs fanfarons.
Mais vous tremblez vite, poltrons !
Sous vos croix et sous vos médailles
Quand la mort siffle en ses appeaux,
Pantins aux allures clownesques !
 
Galonnés ! vous êtes grotesques
Sous le clinquant des oripeaux !
 
4
C’est pour nous : les gueux, la canaille,
Que vous réservez votre plomb,
Quand nous retrouvons notre aplomb,
Poussés par la faim qui tenaille…
Car vous disposez de nos peaux
Ô Polichinelles burlesques !
 
Galonnés ! vous êtes grotesques
Sous le clinquant des oripeaux !
 
(Envoi)
Campés à l’ombre des drapeaux,
Vous vous croyez chevaleresques…
Galonnés ! vous êtes grotesques
Sous le clinquant des oripeaux !

Encarté dans le nº 3 (sept. ? 1905) de La Chanson ouvrière.

Paru aussi in : Brécy, Robert. — Autour de La Muse rouge : groupe de poètes et chansonniers révolutionnaires, 1901-1939. — Saint-Cyr-sur-Loire : Christian Pirot, 1991. — 254 p. (p. 38).