Un jour en retournant la terreD’un coin de champ sis où jadisSe trouvait l’ancien cimetièreQui reçut les vieux du pays,En retournant la terre nue,Au creux d’un sillon noir et d’or,Soudain, une tête de mortButa dans mon soc de charrue.Lors, prenant dans ma main calleuse,Afin de mieux l’examinerLa tête à grimace hideuse,Sans lèvres, sans yeux et sans nez,J’ai rêvé de fille jolie,Aux lèvres donneuses d’amour,Aux yeux clairs comme un rais de jourPour qui j’aurais fait des folies.Voyant son crâne à l’ossatureToute blanche et dont le cerveauAvait dû servir de pâtureAux vers qui vivent des tombeaux,J’ai rêvé de bourgeois très richeGros de ventre et fort d’appétitDont j’aurais servi comme outilÀ faire le Boire et la Miche.Et lançant à travers la plaine,Selon mon désir, n’importe où !Cette chose qui fut humaineComme on jetterait un caillou,J’ai rêvé de grand capitaineQui m’aurait envoyé mourirOu faire mourir pour servirSon œuvre de Gloire et de Haine.Mais après, en voyant la têteReposer en l’herbe du préOù s’en vont reposer mes bêtesLorsque mon champ est labouré,J’ai rêvé de travailleur blême,De pauvre bougre comme moi,Mort comme je mourrai moi-même !…
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La
Tête de mort
Couté, Gaston
dimanche 18 septembre 2022, par
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Texte de Gaston Couté, variante de La Chanson du laboureur. Puis diverses musiques : Gérard Pierron (1997), Max Boyer (2016).
Poème Paru aussi in : Le Libertaire : supplément hebdomadaire illustré du “Journal du peuple”, 3e série, nº 3 (5e année, 19-25 novembre 1899).