Quand les gueux le voudront !

1

Quand les gueux le voudront, l’aisance et le bien-être

Ne seront plus le lot de quelques profiteurs.

L’humanité entière, alors, pourra connaître

L’agrément de goûter les fruits de son labeur.

Désormais les oisifs n’auront droit à la croûte

Que s’ils l’ont su gagner à la sueur de leur front,

Meilleure elle en sera sachant ce qu’elle coûte…

Les bourgeois trimeront,

Quand les gueux le voudront !

 

2

Quand les gueux le voudront, s’adressant à l’engeance

De ces ensoutanés qui, les sens pervertis,

Au nom d’une morale et de la continence

Dans l’ombre, très souvent, souillent les tout petits.

À tous les ratichons, ces prêcheurs hypocrites,

Qui sont, de trop jeûner, replets et rubiconds,

Ils diront, menaçants, allons, filez bien vite… !

Et tous déguerpiront…

Quand les gueux le voudront !

 

3

Quand les gueux le voudront, toute la galonaille,

La tourbe des soudards, féroces massacreurs,

Financiers, exploiteurs et tant d’autres canailles

Cloués aux piloris entendront ces clameurs :

“Vous avez sans compter, versé le sang des nôtres,

“Bientôt sonnera l’heure où nous les vengerons,

“Craignez que nos fureurs fassent couler le vôtre !”

Lâches, ils trembleront…

Quand les gueux le voudront !

 

4

Quand les gueux le voudront, puissante et triomphale,

Soufflera l’âpre voix de la révolution,

Alors s’écroulera, d’une chute finale,

L’édifice pourri de vos institutions,

En joignant consciemment le geste à la parole,

Unis dans leurs efforts, les plus forts ils seront,

Et pour nos prisonniers de vos sinistres geôles

Les portes sauteront…

Quand les gueux le voudront !