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Pour un martyr

Bizeau, Eugène

samedi 10 février 2024, par claude

Texte d’Eugène Bizeau (1921). Sur l’air « Credo du paysan » (de Maurice Doublier ?).
1
C’est le printemps !… Déjà la primevère
Ouvre au soleil le charme de ses yeux,
Et le muguet s’arrache de la terre
Pour embaumer l’ombre des chemins creux.
Mais sans parfums dans la nuit de sa geôle
Pour annoncer le trépas des hivers,
Cottin martyr sent la mort qui le frôle
En attendant que l’on brise ses fers !
 
(refrain)
Salut à toit, champion de la justice,
Apôtre douloureux de la fraternité ;
En m’inclinant devant un sacrifice,
Je crois en sa grandeur, je crois en sa beauté ! (bis)
 
2
C’est le printemps !… Déjà l’aube vermeille
Fait resplendir le ciel qui semblait mort,
Et pour fêter Germinal qui s’éveille,
En plein azur jette des flammes d’or.
Mais sans rayons dans la nuit de son bagne
Pour évoquer les matins doux et clairs,
Cottin martyr sent la mort qui le gagne
En attendant que l’on brise ses fers !
 
refrain
 
3
C’est le printemps !… Déjà les hirondelles
Rebâtissant le nid des anciens jours,
Ont arraché des plumes de leurs ailes
Pour qu’il soit doux aux fruits de leurs amours.
Mais sans oiseaux dans la nuit de sa tombe
Pour lui chanter que les arbres sont verts,
Cottin martyr loin des hommes succombe
En attendant que l’on brise ses fers !
 
refrain
 
4
C’est le printemps !… Déjà les jeunes filles
Sous les rameaux sont de troublants regards,
Et les garçons les trouvent plus gentilles
Avec des fleurs dans leurs cheveux épars.
Mais sans amour dans sa nuit éternelle
Pour lui donner l’oubli des maux soufferts,
Cottin martyr au secours nous appelle
En attendant que l’on brise ses fers !
 
refrain

Émile Cottin (1896-1936), charpentier ; anarchiste, auteur en 1919 d’un attentat contre Clemenceau et condamné à mort. Libéré en 1924, il est tué en Espagne sur le front de Saragosse le 8 octobre 1936.


Paru dans Le Libertaire (1919-1939), 2e série, 3e année, nº 118 (22-29 avril 1921).