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République, Monarchie

anonyme

jeudi 14 mars 2024, par claude

Texte anonyme (≤ 1888).
1
J’ai soixante ans, je connais de la vie
Tous les fardeaux et les difficultés
Et je connais de notre bourgeoisie
Tous les forfaits et les subtilités
Modestement je vais à l’avantage
Des malheureux qui ne possèdent pas,
Faire le tableau de ce monde sauvage,
Dont nous souffrons en nous plaignant tout bas.
 
(Refrain)
République et Monarchie
Ne sont qu’une tyrannie,
Les masques font le changement
El les mots l’aveuglement,
Républicains, Monarchiens.
Amoureux de tous les biens.
Tiennent au gouvernement
Pour voler les pauvres gens.
 
2
Si vous croyez que sous la République
Les producteurs sont beaucoup plus heureux
Que sous les rois, de l’esclavage antique.
Détrompez-vous, veuillez ouvrir les yeux
Et vous verrez que tous les politiques,
En assoiffés, ne songent qu’à leurs jeux
lit que tous les décors démocratiques
Sont des trompe-l’oeil dupant le miséreux.
 
3
Lisons l’histoire relatant les régimes,
Ne voit-on pas que tous ces intrigants,
Impunément consomment tous les crimes
Contre les gueux, contre les indigents,
Même aujourd’hui malgré quatre-vingt-treize.
Pour l’avenir, disons-le sans détour,
L’on se croirait sous le roi Louis treize,
Tant les abus sont nombreux en ce jour.
 
4
Quand Badinguet et toute sa canaille,
Sur le pays se jetèrent en vautour,
Faisant vomir le feu et la mitraille
Pour se créer des milliers d’heureux jours.
Haineux jaloux, les anti-monarchistes
Blâmaient partout ces voleurs de loi
Et maintenant les chiens opportunistes
Ne font-ils pas comme le dernier des rois.
 
5
Comme toujours, la foule prolétaire
N’est qu’un troupeau d’esclaves et de manants,
Ne possédant que le droit de se taire
Sous la houlette de ses dirigeants.
Comme toujours, le géant populaire
Se fait petit devant quelques grincheux,
S’il se servait de sa loi musculaire,
Il se rendrait à jamais très heureux.
 
6
N’écoulant plus le noir charlatanisme
Des intrigants, des piliers de l’État,
Ne songeons plus qu’au vrai socialisme
Qui doit, sauver le prolétariat ;
Car, constamment, nous trainerons la chaîne,
Nous tomberons de froid, d’inanition,
En parias nous mourrerons à la peine,
Si l’on ne veut de la Révolution.

Quatre-vingt-treize : 1793, période de la Terreur pendant la Révolution française et roman de Victor Hugo (paru en 1874) sur cette période.

Badinguet : Napoléon III.


Paru dans : Les Ramages du beffroi révolutionnaire. — Armentières : Anarchistes d’Armentières, de Roubaix et de Mouvaux, 1888. — 8 p. — (Publication ; nº 1).

Paru aussi in : La Cravache. — Roubaix : 1897-1898. — Nº 2 (21 novembre 1897)