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La

Patrie

anonyme

jeudi 14 mars 2024, par claude

Texte anonyme (≤ 1897).
1
Quelle est cette furie, quelle est cette mégère
Qui donne pour devoir, aux nombreux malheureux
Qui souffrent par ses fers, d’une noire misère
De l’aimer et d’aider les ardents belliqueux
Voyons, peut-on aimer la marâtre Patrie
Qui veut pour la servir, que l’on soit meurtriés
Que l’on courbe la tête devant la fantaisie
Des lâches fusilleurs des braves ouvriers ?
 
(Refrain)
Non ! nous ne l’aimons pas cette mère Patrie
Aux mamelles gonflées d’anti-fraternité
Puisque tous ses bienfaits sont pour la bourgeoisie
Pour nous les asservis, elle est la cruauté.
 
2
Nous ne pouvons aimer ce qui nous rend esclaves
Nous ne voulons aider l’anti-fraternité
La patrie, c’est la loi forçant des mille braves
À servir des barons, l’aigre cupidité
Dans le sang, l’incendie, la Patrie se démène
Gaie d’avoir massacré, fait flotter son drapeau
Et pour ne reculer la sainte discipline
De ses armes salies nous montre le tombeau.
 
(refrain)
 
3
La Patrie, c’est le bien de la classe régnante
C’est l’horrible bourreau de la société
C’est la mort, c’est le deuil et l’histoire sanglante
C’est la vie des tyrans et de la royauté
La Patrie, c’est le vol armé pour se défendre
Contre les décharnés voulant l’égalité
C’est le jeu des Bismarck, l’orgie des Alexandre
Qui l’aime et qui le sert frappe l’Humanité.
 
(refrain)

Paru aussi in : La Cravache. — Roubaix : 1897-1898. — Nº 8 (1er-8 janvier 1898)