Dans une superbe voiture,Riche insolent auprès des gueux,Passant, vautré dans la fourrureTu méprise les ventres creux.Qui donc t’a donné ces richesses ?Qui paie tes larbins, tes laquais !Qui donc entretient tes maîtresses,Construit tes somptueux palais ?Toujours ces fils de la canaille ?Ces déshérités du bonheur !Toujours ceux que la faim tenaille,Classe avilie du travailleur !Prostituée sous sa lourde chaîneElle supporte son fardeauJusqu’au moment où vient la haineGonfler son cœur et son cerveau,Alors la vague furibondeRoule ses flots tumultueux,Entraînant au travers le monde,La phalange des miséreux ;Et dans su course écheveléeElle soulève l’ouragan,Et vous fuyez, race affolée,À l’approche de ce géant.Ah ! bourgeois, savourez la haineDont vous empoisonnez nos cœurs.Mais quand le coupe sera pleineVous entendrez les cris vengeurs.De celle vile multitudeRassemblant ses nombreux soldatsPour secouer sa servitudeEn sonnant l’appel aux combatsAh ! les moissons seront fécondes,Bourgeois, dont nos champs sont semés,À la surface des vieux mondesSe dresseront les affamés.Et dans leur brutale cohueIls écraseront sous leurs pas,Tous les gavés, race repue,Dont l’orgueil ne s’assouvit pas.Nous ferons la vaste récolteDes grains semés parmi nos camps,Qui mûrissent pour la révolte.Partout, dans d’innombrables champs.Oui, nous ferons parler la haine,Criant, hurlant par les chemins,Et vomissant, à pleine haleine,La mort, les bombes pleines les mains.Nous ferons crouler le vieux monde,D’où sortira l’égalité :Disparaissez, ô race immonde,Bourgeois, avec l’iniquité.De cet immense cataclysme,Où disparaîtront, tous les mauxOà disparaîtra l’égoïsme.Que les hommes sortent égaux.Et qu’enfin se lève l’aurore,Pour éclairer l’humanité :Brille au Zénith, plus vif encore,Soleil de la fraternité.
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La
Phalange des miséreux
anonyme
jeudi 14 mars 2024, par
Texte anonyme (≤ 1898).
Paru aussi in : La Cravache. — Roubaix : 1897-1898. — Nº 11 (22-29 janvier 1898)