1On a chanté ce que c’est qu’une femme,On a chanté ce que c’est qu’un amant,On a chanté longtemps la noble dame,On chantera tout éternellement ;Eh bien, Messieurs, essayant de vous plaire,Je prends la plume et vais donc sans retard,Vous esquisser d’une simple manièreEn tout pour tout ce que c’est qu’un mouchard.2Réunissez astuce et perfidie,Ajoutez-y l’instinct du maître chien,Du courtisan prenez la tlatterie,De l’honnête homme empruntez le maintien ;Puis ravissez au singe sa malice.Accaparez la ruse du renard,Mêlez le tout d’un repris de justiceEt vous aurez de quoi faire un mouchard.3Cet être vil, toujours on le rencontre,Il est partout, à la ville, aux salons,Même à la cour on le voit qui se montre,Il peut franchir jusqu’au seuil des prisons.Au régimeni sous la simple épaulette,Sous le galon, la graine d’épinard,Et très souvent vous trouvez sous l’aigretteL’homme qu’il faut pour servir de mouchard.4Voyez là-bas, cette abrutie figure,De la faus’té c’est bien l’expression,Voyez ces yeux errant à l’aventureEt s’arrêtant en observation ;Plus venimeux que l’ignoble vipère,Interprétant un seul mot, un regard,Ce gredin-là ferait pendre son père,Rien d’étonnant, c’est encore un mouchard.
Le
Mouchard
anonyme
jeudi 28 mars 2024, par
Texte anonyme (≤1896). Air : « Le Grenier » de Pierre-Jean de Béranger.
Paru aussi in : La Débâcle sociale. — Ensival (Verviers, 1896-1896), nº 10 (19 avr.-3 mai 1896).