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Le

Mouchard

anonyme

jeudi 28 mars 2024, par claude

Texte anonyme (≤1896). Air : « Le Grenier » de Pierre-Jean de Béranger.
1
On a chanté ce que c’est qu’une femme,
On a chanté ce que c’est qu’un amant,
On a chanté longtemps la noble dame,
On chantera tout éternellement ;
Eh bien, Messieurs, essayant de vous plaire,
Je prends la plume et vais donc sans retard,
Vous esquisser d’une simple manière
En tout pour tout ce que c’est qu’un mouchard.
 
2
Réunissez astuce et perfidie,
Ajoutez-y l’instinct du maître chien,
Du courtisan prenez la tlatterie,
De l’honnête homme empruntez le maintien ;
Puis ravissez au singe sa malice.
Accaparez la ruse du renard,
Mêlez le tout d’un repris de justice
Et vous aurez de quoi faire un mouchard.
 
3
Cet être vil, toujours on le rencontre,
Il est partout, à la ville, aux salons,
Même à la cour on le voit qui se montre,
Il peut franchir jusqu’au seuil des prisons.
Au régimeni sous la simple épaulette,
Sous le galon, la graine d’épinard,
Et très souvent vous trouvez sous l’aigrette
L’homme qu’il faut pour servir de mouchard.
 
4
Voyez là-bas, cette abrutie figure,
De la faus’té c’est bien l’expression,
Voyez ces yeux errant à l’aventure
Et s’arrêtant en observation ;
Plus venimeux que l’ignoble vipère,
Interprétant un seul mot, un regard,
Ce gredin-là ferait pendre son père,
Rien d’étonnant, c’est encore un mouchard.

Paru aussi in : La Débâcle sociale. — Ensival (Verviers, 1896-1896), nº 10 (19 avr.-3 mai 1896).