Plusieurs versions se succèdent :
in Par delà la mêlée, nº 8 (25 mars 1916) :
Civilisation
Pour Mère Saint Antoine de Padoue.
1 [= §4 du nº 16 (de début octobre 1916)]Bonne Mère, voyez : Tous les dieux sont en guerreDieu français, russe, anglais ; vieux Dieu des Allemands,Dieux de tous les pays ; de Rome, du Saint-Père,Dieu des Autrichiens et Dieu des Ottomans.2Par milliers et milliers les hommes s’entretuent,Comme fous furieux ivres de cruauté.À masquer leurs « Pourquoi ? » en vain ils s’évertuent :C’est l’Orgueil, c’est la Haine et la Cupidité.3 [= §9 du nº 16 (de début octobre 1916)]Mais le Mal n’a jamais entamé la Nature :Il passera vaincu comme tout a passé.Le Printemps fleurira sur celle pourritureEt l’Amour renaitra de tout le sang versé.
Hospice Debrousse. 1er janvier 1916
in Par delà la mêlée, nº 16 (début octobre 1916) :
Civilisation
Pour Mère Saint Antoine de Padoue.
1Quand dans le cœur de l’homme apparaît la bonté,Elle y vient, simplement, par instinct de Nature.Civilisation c’est la malignitéDu Fort asservissant plus faible créature.2Jamais l’ordre divin ne semble intervenirLorsque les horizons des peuples s’obscurcissent.En deux mille ans Jésus n’a rien pu obtenir ;les pervers font la loi ; les simples la subisunt.3En montant vers leurs dieux, insensibles ou sourds,Que devient le concert sacré des bonnes âmes ?Les Maitres criminels civilisent toujours :Les cieux sont empourprés, l’Univers est en flammes.4 [= §1 du nº 8 (du 25 mars 1916)]Bonne mère, voyez : Tous les dieux sont en guerreDieu français, russe, anglais ; vieux Dieu des Allemands,Dieux de tous les pays ; de Rome, du Saint-Père,Dieu des Autrichiens et Dieu des Ottomans.5 [censuré]6 [censuré]7 [censuré]8Dans les airs, dans les eaux, dans les bois, dans la plaine,Les engins meurtriers font leur sanglant travail.Les morts sont par millions, la ruine est certaine ;Un point, c’est tout. Le reste est un épouvantail.9 [= §3 du nº 8 (du 25 mars 1916)]Mais le Mal n’a jamais entamé la Nature :Il passera vaincu comme tout a passé.Le Printemps fleurira sur celle pourritureEt l’Amour renaitra de tout le sang versé.
Une poésie, même titre, même auteur, a déjà paru dans notre nº 8. Elle ne comptait que quatre strophes, alors que celle-ci en contient neuf…
Ajoutons que le compositeur Charles Poyer a écrit une musique pour ces alexandrins.