Accueil > Livres & Brochures > Chanson du père Duschesne (2002)

La

Chanson du père Duschesne (2002)

samedi 17 août 2024, par claude

La Chanson du Père Duchesne : florilège de la chanson anarchiste. — 2e éd. [1re éd. en 1997]. — Paris [France] : Alternative Libertaire, 2002. — 19 p. : couv. ill. ; 21 cm.

Brèves présentations historiques ; [pas de partitions].

Chantons l’anarchie !

Apparue en France vers la fin des années 1880, la chanson anarchiste, si elle ne dit pas tout de suite son nom, va bientôt acquérir de plus en plus d’importance au sein des chants révolutionnaires de toutes chapelles socialistes (blanquistes, guesdistes, broussistes, indépendants) qui se développent après le retour des exilés de la Commune de Paris.

La chanson révolutionnaire va connaître son heure de gloire à la fin du XIXe siècle ; reconnue unanimement comme un moyen considérable de propagande, les journaux socialistes en reproduisent tant et plus. Vendue dans des brochures cinq sous, elle pénètre le monde ouvrier et syndical en même temps que se répandent les idées de grève générale et de révolution prolétarienne. On la chante entre camarades, au bistrot, pendant la grève, ou au 1er mai. La chanson anarchiste ne fait pas exception à la règle, et est relayée par des journaux tels que Le Libertaire, L’Insurgé mais surtout Le Père Peinard d’Émile Pouget.

L’importance politique qu’elle revêt conduit certaines personnalités, comme Louise Michel ou Sébastien Faure, à en composer. Eugène Pottier, auteur de « L’Internationale », bien que devenu anarchiste après la Commune, n’a pour sa part laissé aucune chanson proprement libertaire à la postérité.

La production s’essouffle après 1920, avec notamment la montée en puissance de la IIIe Internationale, et de son propre répertoire chansonnier.

Elle connaît un renouveau autour de Mai 68, avec en particulier l’activité de propagande des Enragés de l’Internationale Situationniste. Apparaissent des chansons telles que « La Chanson du Conseil pour le maintien des occupations » ou « Il est cinq heures ». Le disque intitulé Pour en finir avec le travail, distribué en 1974, a longtemps abusé les auditeurs. Des chansons telles que la « Makknovstchina », « Les Journées de mai » ou « La Vie s’écoule, la vie s’enfuit » étaient faussement attribuées à des "anonymes" contemporains des événements qu’elles décrivaient. Quant à la « Java des Bons-Enfants », elle n’a jamais été écrite en 1912 par un membre de la bande à Bonnot ! Dans cette affaire il faut incriminer le goût pour le détournement des vrais auteurs, Guy Debord, Raoul Vaneigem ou Étienne Roda-Gil.

La chanson libertaire reste une manifestation importante d’un courant qui a toujours eu une incidence sur la vie culturelle et artistique. Elle est un patrimoine culturel indéniable ; qu’elle soit didactique, grandiose, ironique, grossière, vengeresse, ultra-violente ou pleine de tendresse et de nostalgie, elle est protéiforme, à l’image de ce qu’est le mouvement libertaire et, on le découvrira en en lisant les paroles, elle en est presque l’Histoire.

Guillaume Davranche

Contient :


Couv. de La Chanson du Père Duchesne : florilège de la chanson anarchiste. — Paris : Alternative libertaire, 2002.

https://www.cira.ch/catalogue/index.php?lvl=notice_display&id=314655