1D’avoir travailléLe pauvre ouvrierCrevait dans une misér’ noireNos députés, émus de tant de déboires,Nous ont inculquéEt font appliquerUn’ loi vraiment méritoireDont les bienfaitsN’ rest’ront pas sans effets ;Désormais les vieux travailleursVerront s’lever des jours meilleursIls touch’ront à soixant’cinq ansUne rent’ mensuell’ de « cinq francs ! »RefrainDe m’avoir mis au monde ma mère est fière,Comme ell’, mes bons amis, réjouissez-vous donc !Nous avons maintenant des r’trait’s ouvrièresOuf les r’trait’s ouvrières nous les avons !2Mais pour éviterDe mécontenterQui qu’ce soit dans cette affaire,Futurs rentés nous n’aurons qu’un geste à faire,Au gouvernementVerser gentimentUn p’tit impôt d’prolétaireSi bien comprisQu’nous n’serons pas surprisDe ne jamais rien recevoirAvant de crever certain soirÀ la porte d’un hôpitalSans avoir atteint l’âg’ légal.RefrainMais, lorsque nous serons conduits au cim’tière,Dans la ru’, les badauds se découvriront,Ell’s sont économiqu’s nos r’trait’s ouvrièresPuisque, c’est une fois morts que nous les touch’rons3Trouver un moyenD’les avoir pour rienBien avant que tu ne crèves,Brav’ plébeien, voilà qui trouble tes rêvesMais, pauvre insensé,Tu n’as pas penséQue si’ tu te mets en grêve,Tu obtiendrasTout ce que tu voudras ;Pour bien te prouver qu’t’as raisonOn t’mettra d’abord en prison,Puis si cela ne suffit pasOn t’enverra des p’tits soldats !RefrainIl y aura des ball’s dans les cartouchières,Et tes enfants, dev’nus soutiens des patrons,Te paieront sans tarder tes r’trait’s ouvrières.Par l’guichet des lebels [1], au son des clairons !4Nous pourrions pourtant,Sans attendr’ longtempsAssurer notre retraiteEn supprimant le bourgeois qui nous maltraite,Et dès le lend’main,Vivant en communDans un’ société parfaite,Fair’, pour toujours,Naître les heureux joursOu, sans or, sans lois, ni patrons,Tous les êtres s’épanouirontAu doux contact de libertéDans un’ radieus’ fraternitéRefrainQuand l’amour régnera sur la terre entière,En Frères, chaque jour, nous travaillerons,Pour donner aux vieillards des r’trait’s ouvrières,Tandis qu’près des berceaux les mamans chant’ront
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Nos retraites ouvrières
Clovys
vendredi 9 septembre 2022, par
Texte de Clovys (≤ 1927). Sur l’air « Les Veines ».
http://anarlivres.free.fr/pages/biblio/complements_texte/ChansonsClovys.html
Publié aussi dans le recueil nº 9 (1927) de Nos chansons (1920-1930) de La Muse rouge.
[1] Le fusil à répétition (dix balles) Lebel fut adopté par l’armée française en mai 1887. Il servit lors de la fusillade de Fourmies (Nord) le 1er mai 1891 où la troupe tira sur des manifestants qui réclamaient pacifiquement la journée de huit heures. Bilan : neuf morts, dont deux enfants, et trente-cinq blessés.