Le peuple de FranceVivait en douleur,Las de l’espéranceÉcœuré des pleurs.Plus de blé à moudre,On manquait de pain :Inventons la poudre,Se dit un malin ?refrainPour soutenir l’État et la FinanceIl n’y a rien de telQue le fusil Lebel.Maudit joujou de honte et de souffrance,Nous le priseronsSur la carcasse des patrons !La croupe en folie,À tir’ larigotOn vit la PatrieFêter le flingot :Comm’ l’nouveau modèlePeut tirer dix coups,Cett’ vieille maqu’relleEn fit son marlou.(refrain)Poudre sans fuméeEt nouveau fusil —On a vu l’arméeCombattre l’outil.Que personn’ ne bouge !En joue, et tirez !Avec du sang rougeOn l’a baptisé.(refrain)À Fourmi’s naguèreIl fut triomphant :Il tua la mère,Il tua l’enfant !Encore nous sommesDes femmes et des enfants, —Mais aussi des hommesTous la haine aux dents !(refrain)Ceux-là pourraient mordre,Qui veulent manger :Alors le bon ordreSerait en danger.Vite qu’on les saigneCar que leur faut-ilPour que l’ordre règne ?— Du pain de fusil.(refrain)Plaquons les casernes,Déchirons l’drapeau ;Quant aux vieilles badernes,Tannons-leur la peau.À bas la Patrie !Compagnons, debout !Vive l’AnarchieEt chambardons tout !(refrain)(dernier refrain)À nous tenir sous le CapitalismeLe fameux fusilN’a pas réussi.Joug d’infamie et de caporalismeOn va le briserSur les gavés et les gradés !
« Le fusil Lebel » (1893), chanson sir l’air « Les Pioupioius d’Auvergne »
Chanson « Le fusil Lebel », in Le Père Peinard, nº 226 (16-23 juillet 1893)