Carnet d’Arton

Quand l’populo crèv’ de faim,

L’gonvernement, né malin,

Lui jett’, du haut de sa chaise,

Un peu d’braise ;

De même, au nom d’la Justice,

L’gogo qui fait son piton,

S’précipite avec délice

Su’ l’carnet d’Arton (bis).

 

Les gens au sac, — et y en a ! —

Qu’ont donné dans l’Panama,

Croyaient empocher à l’aise

Beaucoup d’braise.

Y sont roulés… J’ les plains guère !

Et leur appétit glouton

N’a plus, pour se satisfaire,

Que l’carnet d’Arton (bis).

 

Le copain d’Cornélius Herz,

A débiné son commerc’…

On va savoir ce que pèse

Pour la braise

La conscience incorruptible

Des successeurs de Danton

Qu’saisit d’un trac invincible

Le carnet d’Arton (bis).

 

On dit que m’sieu Le Poitt’vin,

Sans pitié pour les pots-d’-vin,

N’est pas d’ces jugeurs qu’apaise

Un peu d’braise ;

Devant lui chaqu’ panamiste

Est aussi doux qu’un mouton…

Il trait’ comme un anarchiste

Tout client d’Arton (bis).

 

Tous, ils se sont présentés :

Sénateurs et députés,

Pour tripotera leur aise

Dans la braise.

C’est le r’vers de la médaille

Qu’on va leur montrer, dit-on…

Ils ont fini leur ripaille,

Les clients d’Arton (bis).

 

Mais les vrais panamitards,

C’est-a-dir’ les plus roublards,

Déjà s’éclips’nt à l’anglaise,

Et leur braise

Est au loin placé’ d’avance ;

Et comm’ de colin-tampon,

Y s’fout’nt pas mal, hors de Fiance,

Du carnet d’Arton (bis).

 

C’est ainsi que l’populo,

Le petrouskin et l’prolo

S’ laiss’ dépouiller d’façon niaise

D’sa bonn’ braise !

S’il trouve la chose un peu dure,

La gouvernant’ lui répond

En lui jetant en pâture

Le carnet d’Arton (bis).