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La

Misère

anonyme

jeudi 13 octobre 2022, par claude

Texte anonyme. Sur l’air « La Terre ».
Avant de naître, déjà,
Ô misère !
Les pauvres sent voués à
La misère.
En leurs ventres meurtris par
La misère,
Les mamans font des poupards
De misère ;
Et quand le triste enfant naît,
Ah ! misère !
Tout autour de lui, ce n’est
Que misère.
Malgré tout, il grandit dans
La misère…
Comme elle aiguise ses dents,
La misère !
 
À l’usine, il étouffait
De misère ;
Au régiment, on lui fait
Cent misères ;
Mais à force de lutter
En misère.
Il a fini par dompter
Sa misère.
Hélas ! quelques jours ont lui
Sans misère…
Voici de nouveau pour lui
La misère :
Chômage, enfants — chers fardeaux
De misère —
Accumulent sur son dos
La misère.
 
À peine quelques lueurs
Hors misère,
Ont soulagé sa sueur
De misère.
En proie aux terribles maux
De misère,
Sa devise n’a qu’un mot
La misère.
Vieux, repose-t-il enfin
Sans misère ?
Non : toujours le froid, la faim,
La misère.
Sa vie entière a connu
La misère ;
Il meurt, tout maigre et tout nu,
De misère.
 
La peau du pauvre est tambour
De misère.
Les puissants travaillent pour
La misère ;
Caserne, bagne, échafaud,
Ces misère,
À quiconque opprime, il faut
La misère.
Aimez, gouvernants, bandits,
La misère ;
Tant qu’elle règne aux taudis
La misère,
Elle rend obéissants
Par misère
Ceux dont elle a bu le sang,
La misère !
 
Qui met le deuil aux maisons ?
La misère.
Et qui peuple les prisons ?
La misère.
La fille se prostitue
Par misère ;
L’homme devient loup et tue…
Ris, misère !
Ô pauvres gens harrassés
De misère,
Quand donc direz-vous : Assez
De misère !
Le jour où l’on le voudra,
Ah, misère !
N’avez crainte : on la tuera,
La misère !

Paru dans Le Père Peinard, (2e série, nº 37, 1er-8 aout 1897)).