1Pauvre, voici le jour de l’an !Tu vas déposer ton bilanOu vendre ton petit ménage,Car pour étrennes tes petiotsN’ont que du vent dans les boyaux.Le terme arrive et pas d’ouvrage.2Riche, voici le jour de l’an !Tu vas négliger le brelanOù lu gaspilles tes richesses ;Tes enfants, gorgés de joujouxEt tes maîtresses de bijoux,Vont t’encombrer de leurs caresses.3Mère, voici le jour de l’an !Un beau mâle, fruit de ton flanc,Est mûr pour l’immonde caserne.Ne sens-tu donc, en ta douleur,L’horreur des mots Patrie ! Honneur !Couvant la mort dans la giberne ?4Prêtre, voici le jour de l’an !Ton vieux bagout de charlatanBientôt va prêcher l’abstinence,Tandis qu’à table et dos au feu,À nos dépens — merci du peu I —Tu gargantuiseras ta panse.5L’usine aux lois, le jour de l’an,Grâce aux vacances reste en plan.Tes gros élus, forgeurs de chaines,Iront te voir, maigre électeur,Et t’amorcer, naïf gobeur,Pour les élections prochaines.6Déshérité du jour de l’an,Quand donc ton vigoureux élanAnéantira-t-il à la rondeL’Autorité — mère de maux —Que nous font subir les bourreaux,D’un bout à l’autre du vieux monde ?
Chanson « Le Jour de l’an » du Père Lapurge