Les femmes :Emballons prestement notre petit ménage ;Vidons bien tout l’appartement !À la cloche de bois lorsque l’on déménage,On n’a pas de ménagement.Enlevons jusqu’aux vieilles chaises,Au nez des huissiers détrousseursEt ne laissons que les punaises,Pour embêter nos successeurs !chœur des femmesDevant les portiers tenons ferme,Dussions-nous leur tanner le cuir !Un Français qui doit plus d’un terme, (bis)Nuitamment, doit savoir s’enfuir ! (bis)Les vieillards :Écoutez, des aïeux, l’avis plein de prudence :Que vos pieds, armés de chaussons,Sur l’escalier criard se posent en cadence,Et, muets comme des poissons,Descendez dans la nuit obscure.Si Pipelet, sombre, a guetté,Ne lui tapez sur la figureQu’a la dernière extrémité !chœur des vieillardsDevant les portiers tenons ferme,Dussions-nous leur tanner le cuir !Un Français qui doit plus d’un terme, (bis)Nuitamment, doit savoir s’enfuir ! (bis)Les enfants au berceau :Suivons, de nos alités, les conseils de vaillance :Sans bruit, sortons de nos berceaux.Remplissons jusqu’aux bords les vases de faïence ;Faisons pipi dans les vieux seaux.Sentons, tout partout, dans la chambre,Les éléments du choléra ;Et ça ne sentira pas l’ambreQuand le concierge y rentrera !chœur des enfants au berceauDevant les portiers tenons ferme,Dussions-nous leur tanner le cuir !Un Français qui doit plus d’un terme, (bis)Nuitamment, doit savoir s’enfuir ! (bis)Les hommes :Nos femmes, en chantant, nous ouvrent la fenêtre.Tous nos complices sont en bas.Amis dépêchons-nous ! Bientôt le jour va nitre !Vite ! Envoyons les matelas !Puis, nous descendrons la commode,Doucement, sans la laisser choir ;Cela nous sera très commode :Comme dans un four il fait noir.chœur des hommesDevant les portiers tenons ferme,Dussions-nous leur tanner le cuir !Un Français qui doit plus d’un terme, (bis)Nuitamment, doit savoir s’enfuir ! (bis)
9 janvier 1887