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À la cloche de bois : chant du départ des locataires/[votontaires !]

Jouy, Jules

lundi 17 octobre 2022, par claude

Texte de Jules Jouy (1887). Sur l’air de la Révolution française « Le Chant du départ » (1794) d’Étienne Nicolas Méhul (1763-1817) sur un texte de Marie-Joseph Chénier (1764-1811).
Les femmes :
 
Emballons prestement notre petit ménage ;
Vidons bien tout l’appartement !
À la cloche de bois lorsque l’on déménage,
On n’a pas de ménagement.
Enlevons jusqu’aux vieilles chaises,
Au nez des huissiers détrousseurs
Et ne laissons que les punaises,
Pour embêter nos successeurs !
 
chœur des femmes
Devant les portiers tenons ferme,
Dussions-nous leur tanner le cuir !
Un Français qui doit plus d’un terme, (bis)
Nuitamment, doit savoir s’enfuir ! (bis)
 
Les vieillards :
 
Écoutez, des aïeux, l’avis plein de prudence :
Que vos pieds, armés de chaussons,
Sur l’escalier criard se posent en cadence,
Et, muets comme des poissons,
Descendez dans la nuit obscure.
Si Pipelet, sombre, a guetté,
Ne lui tapez sur la figure
Qu’a la dernière extrémité !
 
chœur des vieillards
Devant les portiers tenons ferme,
Dussions-nous leur tanner le cuir !
Un Français qui doit plus d’un terme, (bis)
Nuitamment, doit savoir s’enfuir ! (bis)
 
Les enfants au berceau :
 
Suivons, de nos alités, les conseils de vaillance :
Sans bruit, sortons de nos berceaux.
Remplissons jusqu’aux bords les vases de faïence ;
Faisons pipi dans les vieux seaux.
Sentons, tout partout, dans la chambre,
Les éléments du choléra ;
Et ça ne sentira pas l’ambre
Quand le concierge y rentrera !
 
chœur des enfants au berceau
Devant les portiers tenons ferme,
Dussions-nous leur tanner le cuir !
Un Français qui doit plus d’un terme, (bis)
Nuitamment, doit savoir s’enfuir ! (bis)
 
Les hommes :
 
Nos femmes, en chantant, nous ouvrent la fenêtre.
Tous nos complices sont en bas.
Amis dépêchons-nous ! Bientôt le jour va nitre !
Vite ! Envoyons les matelas !
Puis, nous descendrons la commode,
Doucement, sans la laisser choir ;
Cela nous sera très commode :
Comme dans un four il fait noir.
 
chœur des hommes
Devant les portiers tenons ferme,
Dussions-nous leur tanner le cuir !
Un Français qui doit plus d’un terme, (bis)
Nuitamment, doit savoir s’enfuir ! (bis)

9 janvier 1887


L’ordre des couplets peut changer entre les versions.

Pipelet/pipelette, synonyme de concierge d’après le nom d’un personnage dans Les Mystères de Paris (1842-1843) d’Eugène Sue.


Paru dans : Jouy, Jules. Les Chansons de l’année [1887] (Bourbier et Lamoureux, 1888, p. 38-40)

1re version vers 1881 (L’Anticoncierge nº 4).

Voir : Gallica.

Il s’agit aussi du 21 titre de la série de chansons de Jouy reprises dans le le journal d’Émile Pouget, Le Père Peinard après le décès du chansonnier. Parue ici dans la (2e série, nº 74, du 20-27 mars 1898).

<:paru_aussi :> Jules Jouy, 1855-1897 : le "poète chourineur" / éd. Patrick Biau. — Sénouillac [France] : P. Biau, 1997 (p. 70).

<:paru_aussi :> Chantons la bouche pleine ! : recueil de chansons sociales et révolutionnaires ; Courant alternatif, hors-série nº 18. — Reims : Organisation communiste libertaire, 2012.