Un sac sur un tas de copeauxC’est, pauvre enfant, ton lit de plume.Quitte-moi ce lit de « repos »,Le tuyau de l’usine fume.Debout ! l’esclave de huit ans,Déjà voûté, déjà phtisique,Avant le jour, par tous les temps,Viens humer l’air de la fabrique.Allons ! le petit va-nu-pieds,Toi qu’on rançonne,Marche avec les salariés,La cloche sonneFrotte tes yeux gros de sommeil,Ce matin tiède semble une haleine.Aujourd’hui qu’il fera soleil,Tu serais si bien dans la plaine.Les jeunes épis vont jaunir,Tout est gai, l’homme seul est sombre.Comment mûrira l’avenir,Si l’on maintient l’enfance à l’ombre ?Allons, le petit va-nu-pieds,Toi qu’on rançonne,Marche avec les salariés,La cloche sonneCe n’est pas un enfant gâté,Son père a péri dans la mine.Par Ia triste veuve allaité,Il fut bercé par la famineEl la fatalité l’abat.Il végète sans nulle envie ;Quand le contremaitre le bat,l est dégoûté de le vie.Allons, le petit va-nu-pieds,Toi qu’on rançonne,Marche avec les salariés,La cloche sonne !
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Le
Petit va-nu-pieds
Pottier, Eugène
lundi 17 octobre 2022, par
Texte d’Eugène Pottier.
Paru aussi in : Le Va-nu-pieds : organe du 1er cercle Vallès (politique et littéraire), socialiste, révolutionnaire, indépendant. — Paris (1887-1887). — N° 2 (avr. 1887, avr. = germinal an 95)
Paru aussi in : Le Père Peinard, 2e série, nº 84 (29 mai-5 juin 1898).
<:paru_aussi :> : Pottier, Eugène. Brochon, Pierre (éd.). — Œuvres complètes. — Paris [France] : Maspero, 1966 (p. 171).