À mon ami Corréard
Honnête ouvrier de fabriques,Sois toujours humble et toujours bon ;Le travailleur mange des briques ;Le patron suce du bonbon.Pour l’aimer, pour le satisfaire,Redouble d’efforts empressés :Jamais tu n’en pourras trop faire / Tu n’en feras jamais assez ! (bis)Pauvre ouvrier en redingote,Que l’État traite en vrai bourreau,Pour ne pas que l’on te dégote,Trime pour ton chef de bureau.Par son travail du ministère,Le pauvre homme a les reins cassésJamais tu n’en pourras trop faire, / Tu n’en feras jamais assez ! (bis)Toi qui déjeune sans vaisselle,Avec du pain noir pour gâteau,Dans la pleine ou sur le coteau.Bon moissonneur, pousse une selle,Ton maître y trouve son affaire :Ses terrains en sont engraissés :Jamais tu n’en pourras trop faire, / Tu n’en feras jamais assez ! (bis)
20 décembre 1886