Qu’en ce monde on brille ou végète— La réussite ou le chambard —Comme la dèche ou la galetteEst un pur effet du hasard !Alors, pourquoi faire ta tête ?Puisqu’en tirant son numéro,Qu’on sorte bredouille ou Gros Lot,C’est au hasard de la fourchette !Toi, qui naquis dans la noblesseEt qui te crois de sang divin,Tu devrais méditer, sans cesse,Qu’on peut naître fils de biffin.Allons donc, ne fais pas ta tête !Quoiqu’en tirant ton numéroTu aies décroché le Gros Lot.C’est au hasard de la fourchette !Bourgeois, posant pour l’honnête hommeRoulé dans ton caftan d’honneurN’as-la jamais pensé qu’en sommeTu pouvais bien naître voleur ?Allons donc, ne fais pas ta tête !Quoiqu’en tirant ton numéroTu aies décroché le Gros Lot.C’est au hasard de la fourchette !Honnête dame mijauréeQui nous la fais à la vertuSi tu tombais dans lu puréeN’irais-tu pas montrer ton… nezAllons donc, ne fais pas ta tête !Quoiqu’en tirant ton numéroTu aies décroché le Gros Lot.C’est au hasard de la fourchette !Horizontale entretenueToi qui pètes dans le satin,Tu pourrais bien, pauvre morue,N’être que marmite à Rouquin !Allons donc, ne fais pas ta tête !Quoiqu’en tirant ton numéroTu aies décroché le Gros Lot.C’est au hasard de la fourchette !Soldat décrochant les hauts gradesQue les balles ont épargnéAs-tu compté les camaradesQui sont restés dans le fossé ?Allons donc, ne fais pas ta tête !Quoiqu’en tirant ton numéroTu aies décroché le Gros Lot.C’est au hasard de la fourchette !Chat-fourré condamnant le hère,Qui grincha pour avoir du pain,Dis-nous ce que tu saurais faireSi les,boyaux chantaient la faim ?Allons donc, ne fais pas ta tête !Quoiqu’en tirant ton numéroTu aies décroché le Gros Lot.C’est au hasard de la fourchette !EnvoiSi l’on répond à ma Complainte« Qu’on radine par le turbin ! »Eh ben ! et celui qui s’esquintePour n’arriver jamais à rien ?— Ferme ton goulot, vieille bêtePuisqu’en tirant son numéro,Qu’on sorte bredouille ou Gros LotC’est au homard de la fourchette !
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Au hasard de la fourchette
Yralts, Francis
mardi 18 octobre 2022, par
Texte de Francis Yralts (1897).
Paru dans Le Père Peinard, 2e série, nº 112 (11-18 décembre 1898).
Au hasard de la fourchette = sans choisir.
Biffin, parfois fantassin mais ici : chiffonnier.
Rouquin : policier, donc membre de la Rousse.
Chat-fourré : magistrat, greffier.