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Populo et ses médecins

Georges-Georges

mercredi 19 octobre 2022, par claude

Texte de Georges-Georges (1899). Sur l’air « La Visite de charité ».
Populo, craignant de mourir.
Fit appeler pour le guérir
De sa dèche chronique,
Les plus célèbres médecins,
— D’aucuns disent les assassins ! —
Du inonde politique.
 
Par téléphone, un Prétendant
— Prince énergique, mais prudent —
Conservant les distances,
Lui dit : « C’est un bon coup d’État
qu’il faudrait, cher sujet, pour a-
Bréger votre souffrance. »
 
Le gros docteur Opportunard
Vers le pauvre accourut dar-dar
Et dit : « Tout n’est pas rose !
Prenez, la vie comme elle vient…
Si vous souffrez, d’autres vont bien !
C’est déjà quelque chose ! »
 
Un candidat très radical,
Promettant bien mais tenant mal,
Lui confia, bon apôtre :
« Voles peur moi aux élections,
Vous me mettrez en position
De vous faire la vôtre… »
 
Un patriote, homme éloquent,
Et fort courageux… par moments,
Lui dit : « Je sais vos peines,
Mais la France en a plus encor !
Il lui faut rendre tout d’abord
L’Alsace et lu Lorraine. »
 
Un gendarme qu’il consulta
Lui chanta : « J’ai du bon tabac… »
Afin de le distraire…
Un magistrat lui lut la loi !
Un curé lui promit, ma foi,
Le ciel après la ’Terre I…
 
« Quand nous serons majorité,
Lui dit un fougueux député,
Collectiviste habile,
On connaitra le vrai bonheur !
Vous verrez ça, brave électeur
Dès l’an quatre ou cinq mille !… »
 
Sur les drogues des charlatans
Populo bien tardivement,
Concevait quelques doutes,
Quand l’ayant entendu gémir,
Un anarcho vint lui offrir
De partager sa croûte,…
 
Il lui dit : « Pour guérir tes maux,
Guéris-toi des gens à grands mots,
Et vis sans rien attendre
Des boniments de ces farceurs…
On n’implore pas le bonheur :
Mon frère, il faut le prendre ! »

Paru dans Le Père Peinard, 2e série, nº 117 (15-22 janvier 1899).

Georges-Georges (pseud.) est présenté comme « le malfaiteur de la semaine ».