Six jours ses lèvres sont soudéesPar un travail de galérien,Mais le dimanche il ne fait rienQu’assembler des bribes d’idées.Quand il boit un coup, Jean-Pain-Sec,La vérité lui sort du bec.Je fus pieux dans ma jeunesseEt mangeai mon Dieu par devoir,J’y renonçai, lassé de voirLe prêtre seul boire à la messe.Quand il boit un coup, Jean-Pain-Sec,La vérité lui sort du bec.Magdeleine, Esther, Séraphine,Pécheresses que l’or séduit,Quand on vous lapide aujourd’hui.C’est arec une pierre fine.Quand il boit un coup, Jean-Pain-Sec,La vérité lui sort du bec.Tu croises la fille soumise,Jeune épouse d’un vieux rentier ;Vous faites le mente métier.La différence… est dans la mise.Quand il boit un coup, Jean-Pain-Sec,La vérité lui sort du bec.C’est par erreur, je me figure.Qu’on grave les mots Liberté,Égalité, Fraternité,Sur les prisons qu’on inaugure.Quand il boit un coup, Jean-Pain-Sec,La vérité lui sort du bec.Par l’histoire qu’on falsifie,On nous jobarde un peu, je crois,Car si le chef porte la croix,C’est le soldat qu’on crucifie.Quand il boit un coup, Jean-Pain-Sec,La vérité lui sort du bec.Au saurage qu’on civilise,D’abord on fait payer l’impôt ;S’il bronche, on lui trouera la peauAvec les canons de l’Église.Quand il boit un coup, Jean-Pain-Sec,La vérité lui sort du bec.Harpagon aura sa statue,Car l’or qu’il vola par monceau,Philanthrope comme un pourceau,En mourant, il le restitue.Quand il boit un coup, Jean-Pain-Sec,La vérité lui sort du bec.Pour nous, le ciel est un mystèreL’enfer ! je me chauffe à son feu.Pourtant je voudrais bien un peuGoûter au paradis sur terre,Quand il boit un coup, Jean-Pain-Sec,La vérité lui sort du bec.Riches malthusiens dont le rêveEst d’asservir le genre humain,Seriez-vous puissants, si demainLes amours se mettaient en grève ?Quand il boit un coup, Jean-Pain-Sec,La vérité lui sort du bec.
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Jean-Pain-Sec
Legentil, Édouard
mercredi 19 octobre 2022, par
Texte d’Édouard Legentil (1899). Sur l’air « Faut de la vertu, pas trop n’en faut, ou : l’excès en tout est un défaut ».
Paru dans Le Père Peinard, 2e série, nº 124 (5-12 mars 1899).