1Je suis le serf de la caserne,Misérable porte giberne,Plus à plaindre qu’un portefaix ;Car nos, bourgeois, race bâtarde,Ont fait de moi leur chien de garde.Prud’hommes, digérez en paix !RefrainMais, si le vent dresse les barricades,Si les pavés ont des lueurs d’éclair,Devant le peuple, camarades,La crosse en l’air ! la crosse en l’air !2Là-bas, de son baiser de flamme,Marianne enivrait mon âmeAux jours de douce liberté ;Ici comme un forçat au bagne,J’ai la consigne pour compagne,Triste compagne, en vérité !refrain3Pour apprendre à plier l’échine,J’ai passé par la crapaudineSecoué d’un haineux frisson IEt l’officier puant la gommeS’amuse à meurtrir mon cœur d’homme ;La brute n’a pas la raison !refrain4Qui donc me parle de patrie ?Ces galonnés, graine pourrieDes plus lâches capitulards !Le sang français souille leurs armes,Et je dois leur cacher mes larmes :Toujours, malheur aux communards !refrain5Aux champs labourés par nos bombes, [Pour qui les vastes hécatombes]Germains, pour qui tant d’hécatombes ? [Des nations creusant leurs tombes ?…]Pour les vautours, ces oiseaux gras !Une guerre plus légitime,C’est la guerre qui nous opprime :La seule que je ne fais pas !refrain6Un grand cri monte de la terre,Le cri du sombre prolétaire,Écho d’un monde douloureux…À ces affamés en guenilles,Il faut le pain de leurs familles :Et c’est du plomb que j’ai pour eux !refrain7Sur les ruines de ce monde,Je voudrais bien mener la ronde,En écrasant tous les Chagots !Trop fier encore pour me soumettre,Ma devise est : Ni Dieu ni maitre,Je suis le soldat des égaux !Et si le vent dresse des barricades,Si des pavés ont des lueurs d’éclair,Devant le peuple, camarades,La crosse en l’air ! la crosse en l’air !
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Le
Chant d’un soldat (marche militaire) [= La Crosse en l’air ! = Le Socialiste soldat]
Souëtre, Olivier
dimanche 23 octobre 2022, par
Texte d’Olivier Souëtre (1885). Musique de Mme Souëtre.
Crapaudine : l’une punition-torture aux bagnes militaires (Biribi).
Gomme : pour les moustaches et cheveux ?
Chagot, synonyme d’exploiteur depuis le procès mai 1885 àe Montceau-les-Mines (« Chagot-ville ») contre les militants de la Bande noire, opposés notamment à Léonce Chagot (1822-1893) de la Compagnie des mines de houille de Blanzy.
Chanson parue aussi dans La Révolte des affamés, nº 9 (25 juillet 1886) : « Les paroles et la musique se trouvent au bureau du journal. Prix : 15 centimes ».
Paru aussi — sous le titre « Le Socialiste soldat » avec le couplet 5 modifié — dans L’Attaque : organe socialiste révolutionnaire (1888-1890), nº 16 (6-13 octobre 1888).
Paru aussi in : Chansonnier de la révolution. — Genève : Le Réveil socialiste-anarchiste, 1902 (p. 37-39).
Paru aussi in : Le Combat de Roubaix-Tourcoing (1906-1906), année 1, nº 3 (11 mars 1906).
Paru aussi in : l’Almanach illustré de la chanson du peuple pour 1907. — Paris : La Publication sociale, 1906 (p. 35)