À Louise Michel
Croyez moi, terrassiers,Afin que vous terrassiezLa meute,La meute.Des riches, des patrons,Opposez, à ces poltrons,L’émeute,L’émeute.Au lieu de vous courber,Par terre laissant tomberVos pioches,Vos pioches.Dans Paris, yeux ardents,Promenez-vous, les mains dansMes poches,Les poches.Terribles et sans voix,Afin que les bourgeoisIntègres,Intègres,Vous voyant sans outils,Se disent : « Où donc vont-ils,Si maigres ?…Si maigres ? »Effrayant la villa,Du fond de Belleville àMontrouge,Montrouge.Du matin jusqu’au soir,Arborez le drapeau noireEt rouge,Et rouge.Parfois, près des chantiers,Tous, il faut que vous chantiez,Sinistres,Sinistres,Dédaignant vos bourreaux,La chanson qui fait peur auxMinistres,Ministres.À leur barbe, à leur nez,Solidement, maintenezLa grève,La grève,Pour que l’accapareur,D’épouvante et de terreur,En crève,En crève !
2 aout 1888
Air « Le Carillon de Vendôme » (15e siècle)