Mon nom, à moi, c’est Marianne,Un nom connu de. l’univers ;Or, j’aime à porter, d’un air crâne,Mon bonnet rouge de travers ;Et du peuple robuste fille,Au jour des fiers enivrements,Je veux, au grand soleil qui brille,Avoir des mâles pour amants !Va, va, Marianne,Pour en finir avec tes ennemis,Sonne, sonne la dianeAux endormis ! (bis)Dur forgeron, batteur sublime,Noir mineur, du jour exilé,Marin, qui passes sur l’abîme,Vieux laboureur, père du blé,Des dirigeants la caste avide,Au ciel, vous promet les beaux jours :Dérision ! leur ciel est vide,Et votre enfer s’emplit toujours !Va, va, Marianne,Pour en finir avec tes ennemis,Sonne, sonne la dianeAux endormis ! (bis)Quand le vieillard que l’on rebute,Seul, pour mourir, se couche au soir ;Quand vos filles, de chute en chute,Roulent aux hontes du trottoir ;Quand le spectre errant de la grèveSort, en haillons, de ses taudis,Là. de pitié, mon cœur en crève,Et les heureux, je les maudis !Va, va, Marianne,Pour en finir avec tes ennemis,Sonne, sonne la dianeAux endormis ! (bis)Nom de nom ! faut-il que je voie,Me faisant encore sa cour,Ce chauve au bec d’oiseau de proie,Monsieur Vautour, Monsieur Vautour ?Ah ! par le dégoût soulevée,Pour écraser sous mes talonsL’oiseau rapace et sa couvée,Je marcherais sur les canons !Va, va, Marianne,Pour en finir avec tes ennemis,Sonne, sonne la dianeAux endormis ! (bis)Je hais les guerres de conquêtes,Je hais les rois et les Césars ;En triomphateurs, sur vos têtes,N’ont-ils pas fait rouler leurs charsDes massacreurs qu’on glorifie :Je flétrirai chaque forfait :J’ai mis la marque d’infamieSur l’épaule de Galliffet !Va, va, Marianne,Pour en finir avec tes ennemis,Sonne, sonne la dianeAux endormis ! (bis)Mais, si la Faim à face blême,Devant les repus se dressant,Leur pose, en armes, son problème,Sur nos pavés rougis de sang,Je sais bien que, pour le résoudre,L’éloquence ne suffit pas :C’est en faisant parler la poudreQu’on fait taire les avocats !Va, va, Marianne,Pour en finir avec tes ennemis,Sonne, sonne la dianeAux endormis ! (bis)Ma république, ô prolétaire,Éternel vaincu du destin,C’est, à la table égalitaire,Ton couvert mis dès le matin ;Et, devant l’homme, j’y réclame,Pour mon sexe, la liberté :Il faut relever dans la femmeL’aïeule de l’Humanité !Va, va, Marianne,Pour en finir avec tes ennemis,Sonne, sonne la dianeAux endormis ! (bis)Tombez, tombez, vieilles barrières,Au jour nouveau de la raison ;Tombez, préjugés et frontières,Avec la dernière prison ;Puis, ce sera la délivrance,Œuvre si lente à s’accomplir :La Bastille de l’ignorance,C’est la plus dure à démolir !Va, va, Marianne,Pour en finir avec tes ennemis,Sonne, sonne la dianeAux endormis ! (bis)
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La
Marianne (La Diane)
Souëtre, Olivier
dimanche 6 novembre 2022, par
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Marianne : symbole de la République française
Diane : batterie de tambour ou sonnerie de clairon pour réveiller les soldats.
Monsieur Vautour : est l’archétype du propriétaire exploiteur.
Paru aussi, sous le titre « La Marianne populaire de 1883 » dans : Le Roy, Achille. La Revanche du prolétariat. Paris : Librairie socialiste internationale, 1885 (p. 36-38).
Paru aussi, sous le titre « La Marianne populaire » in : Le Droit social, n° 1 (Marseille, 16-23 mai 1885), p. 2
Paru aussi in : Les Chants du peuple. — Paris : [P. Delesalle] aux bureaux des Temps nouveaux [puis] La Publication sociale. — nº 8 [1901, avr.].
Paru aussi in : Les Chants du peuple. Série nouvelle ; nº 1. — Paris : Temps nouveaux, [ca 1902]. — N.p.
Paru aussi in : Chansonnier de la révolution. — Genève : Le Réveil socialiste-anarchiste, 1902 (p. 19-21).
Paru dans : Le Chansonnier de la révolte (Groupement libertaire du Valais, ca 1906, p. 11-12).
Paru aussi in : Manfredonia, Gaetano. — Libres ! Toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes au XIXe siècle. — Lyon : Atelier de création libertaire, 2011 (p. 70).
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