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Les

Députés heureux

A.J.

dimanche 6 novembre 2022, par claude

Texte de A.J. Sur l’air « Voyez par-ci, voyez par-là » [« R’gardez par-ci r’gardez par-là »] tiré de Les Cloches de Corneville (1877) opéra-comique de Robert-Planquette (1848-1903).
Des gouvernements honnêtes
Nous sommes les grosses têtes,
Les députés [1]
Bien réputés ;
Notre métier (le plus habile)
Nous épargne la moindre bile !
Quoi de plus réjouissant ?…
Jamais de mauvais sang.
 
Car, sans soucis et sans tracas,
Nous vivons en potentats ;
Nous sommes joufflus ; gros et gras :
—il est rien chic, notre état ! —
 
La semaine et le dimanche,
La fortune qui s’épanche
Verse pour nous
Des argents fous.
Et, sur les impôts salutaires
Sués par les bons prolétaires,
Nous touchons vingt-cinq francs
Pour nous battre les flancs.
 
Car, sans soucis et sans tracas,
Nous vivons en potentats,
Payés pour nous croiser les bras :
— Il est_rien chic, notre état ! —
 
Très recherché dans le monde
Pour sa verve et sa faconde,
Le député
Est invité ;
C’est lui qui préside à la table
De tout bon dîner confortable
On le voit chaque soir
Mettre son habit noir.
 
Car, sans soucié et sans tracas,
Nous vivons en potentats ;
Banquets par-ci, gueul’tons par-là ;
— Il est rien chic, notre état ! —
 
Après nos quatre ans de peine,
Si nous n’avons pas la veine
D’étr’ réélus,
On n’nous voit plus.
Alors, heureux comme des princes,
On nous donne dans les provinces ;
Comme compensation,
Recette ou perception.
 
Là, sans soucis et saris tracas,
Nous vivons en potentats ;
Honneurs et « bureaux de tabac » !…
— Il est rien chic, notre état ! —

Paru aussi in : Les Chants du peuple. — Paris : [P. Delesalle] aux bureaux des Temps nouveaux [puis] La Publication sociale. — nº 6 [1900, sept.].

Paru aussi in : Les Chants du peuple. Série nouvelle ; nº 1. — Paris : Temps nouveaux, [ca 1902]. — N.p.

Paru aussi in : Chansonnier de la révolution. — Genève : Le Réveil socialiste-anarchiste, 1902 (p. 53-54).

Paru aussi in : Le Combat (1905-1906), année 2, nº 4 (28 janvier 1906).


[1On appelle députés des hommes qui font des règles pour les autres et des exceptions pour eux-mêmes.