1Dans une ferme bien paisibleVivait un cheval de charrue ;Son labeur, quoique un peu pénible,Gaiement il traversait la rue,Mais les habitants de la fermeAyant essuyé des revers,Vivement pour y mettre un termeOn vendit les objets divers,Le cheval compris dans le lotPartit hélas ! le cœur bien gros.Acheté par un ingénieur,Il se sentait déjà mineur :Et comme il avait bonne mine,On le fit descendre à la mine.2Avec un conducteur brutal,Sous les coups et sous la menace,Il marche le pauvre cheval,En semblant lui demander grâce.Mais tout à coup à sa rencontre,Un autre train semble venir,Il arrive et le voici contre :Une collision va survenir.Les deux chevaux sont renversés,Mutilés gravement blessés,Et sur les wagonnnets chargésLes conducteurs endommagésIls semblent demander pardonAux malheureux chevaux du fond.RefrainPauvre cheval !Oh ! docile animal,La terre est ton tombeau,Ton horrible cachot,Tu vas gémit,Travailler et souffrir,Loin des bruits de la terre,Sous la pierre.3Pour lui cheval plus de lumière ;Ses yeux fermés à la lumière.Il n’aperçoit plus que l’éveilD’une souris sous sa litière.Adieu chère ferme de campagne !Chers bêtes aimés de la maison.Adieu pays ! Adieu montagne !Et il soupire dans sa prison.Il n’a plus sa belle toison d’or,Car vingt fois il a vu la mort.Et un jour sous un éboulement,Il fut enseveli vivantEt retiré presque mourant,Il marche encore résolument.4Enfin, tant de services rendusN’ont point donné de récompense ;Haletant et ne respirant plusBientôt il tombe en décadence.Il veut par un effort suprêmeSe soutenir, marcher toujours.Mais sa faiblesse étant extrême,On va le remonter au jour.Adieu ! cette horrible prison.In ne descendra plus au fond ;Acheté par un maquignon,Voici venir son dernier guignon,Pour la vie, pour lui plus d’espoir,Il fut tué à l’abattoir.RefrainPauvre cheval !Victime du capital,L’abattoir te réclame,Non pour ton âme,Ta récompenseSera la potence,Sans aucune couronneDe personne.
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Le
Cheval du fond : romance réaliste
Bailliez, Ferdinand
lundi 14 novembre 2022, par
Texte de Ferdinand Bailliez (1903). Air connu.
Paru dans Le Réveil syndical (Lens & Hénin-Liétard), nº 17 (1903, 16 aout).