1Ils sont des milliers dans les champs, les villesIls sont des milliers dont j’entends les crisDire aux satisfaits, dire aux imbécilesLes iniquités qui les ont meurtrisL’accent douloureux de plaintes vainesEt leurs pauvres yeux de larmes voilésM’ayant mis au cœur une amère peineJe crie « au voleur ! » avec les volésJe crie « au voleur ! » avec les volésJe hurle « au voleur ! » avec les volés.2Petits fils des serfs dont l’orgueil des lâchesSe fit un plaisir d’outrager les droits,Ils ont accompli les énormes tâchesQui font le bonheur des modernes roisIls ont pierre à pierre en efforts sans nombreBâti les châteaux et les fiers palais ;Voyant leurs taudis pleins d’horreurs et d’ombreJe crie « au voleur ! » avec les volés…3Sous le ciel brumeux des tristes automnesIls ont à l’espoir ouvert les sillons,Ils ont fait chanter le vin dans les tonnesEt la joie en nous darde ses rayons.Ils ont moissonné les épis superbesEt semé la vie aux champs désolés ;Les sachant frustrés des plus lourdes gerbesJe crie « au voleur ! » avec les volés…4Dans les ateliers où la force humaineS’épuise en labeurs vraiment surhumains,Ils ont fait jaillir floraison sereine,Bien-être splendeur des cals de leurs mains,Ils ont mis au jour mille et cent merveillesÀ rendre jaloux les cieux étoilés ;Voyant l’infortune aux seuils de leurs veilles,Je crie « au voleur ! » avec les volés…5Ils sont des milliers aux champs comme aux villesIls sont des milliers dont j’entends les crisDire aux satisfaits, dire aux imbécilesLes iniquités qui les ont meurtrisL’accent douloureux de leurs plaintes vainesEt leurs pauvres yeux de larmes voilésM’ayant mis au cœur une immense haine,Je hurle « au voleur ! » avec les volés.
Les
Volés
Bizeau, Eugène
dimanche 27 novembre 2022, par
Texte d’Eugène Bizeau. Musique (≥1913) par Louis-Alexandre Droccos (18..-1926).
Bizeau, Eugène. — Les Volés / mus. L. A. Droccos. — Paris : La Muse rouge, [s.d.]. — 4 p. — (Les Chansons de la Muse rouge).
http://anarlivres.free.fr/pages/biblio/complements_texte/ChansonsBizeau.html#voles
Publié aussi dans le recueil nº 14 (1927) de Nos chansons (1920-1930) de La Muse rouge.