Rue du faubourg Poissonnière,En rentrant à son logis,Un passant, la s’main’ dernière,S’arrêta soudain surpris :Il venait, dans la nuit sombra,Marchant d’un air circonspect,De voir se glisser une ombrePortant un objet suspect.Saisi d’un’ terreur profonde,Notre homme n’hésita pas.Au sergot qui f’sait sa rondeil courut conter le cas :« Ce doit dire un anarchisteQui médite un attentat.Faut l’pincer à l’improviste,Avant qu’y fass’ du dégât ! »L’agent d’la force publiqueÀ ces mots devient songeur.Mais, d’un’ voix mâle, il répliqueÀ son interlocuteur :« Ceci n’est point mon affaite.Mais, par une exception,J’vais vous m’ner chez I’commissaire,Fair’ vot’ déclaration. »Le commissaire, d’un geste,Réunit tous ses agents.Puis la troup’ file d’un pas leste,Vers le lien des événements.Par une mesur’ Prudente,Près d’un’ casern’ de sapeurs,De quatre hommes elle s’augmenteEt d’une pompe à vapeur.Sous la porte l’commissaire,Brandissant son pistolet,Dit au révolutionnaire,En I’ saisissant au collet :« Au nom d’la loi j’vous arrête !Quel est c’t’engin destructeur ? »L’aide répond : « C’est un’ tinette,Moi, je suis un vidangeur ! »De cette horrible aventure,Oyez l’affreux dénou’ment :Au Dépôt d’la Préfecture,On écroua le passant.Dans sa cellule il méditeSur le danger qu’il y aÀ prendre pour un’ marmiteUn’… chose qui ne l’est pas !
L’
Attentat
anonyme
vendredi 30 décembre 2022, par
Texte anonyme (1893 ou 1894).
Paru aussi in : La Révolte : organe communiste-anarchiste. — Paris : 1887-1894. — Année 7, suppl. litt. au nº 17 (6 janv. 1894)