Afin de chercher des sous,j’ai mis sens dessus dessousMa chambre de pauvre hère,Mais, n’en n’ayant point trouvé,Belle, je ne puis te faireLa cadeau que j’ai rêvéJe voulais quelque bijou,Pour étaler sur ton cou,Sur ton cou blanc, que j’adore.Chère, n’en n’ayant aucun,Si, parfois Je t’aime encore,Ce sera pour l’an prochain.Je voulais un braceletPour parer tes bras de lait,Pour tes belles mains que j’aime,Un joyau fin et coquet,Hélas ! et je n’ai pas mêmeUn pauvre petit bouquet.Les huissiers étant venusN’ont laissé que les murs nus,Une chaise et mon vieux coffre,Je n’ai plus rien que mon cœur,Eh bien, mon cœur, je te l’offreAu lieu d’un porte-bonheur.Je te l’offre tel qu’il est,Lassé, ravagé, bien laidEt dépourvu de tons charmes,Car mon lourd chagrin caché,Me fit verser tant de larmesQue mon cœur s’est desséché.Aussi, pour ton jour de l’an,Je te l’adresse en tremblant,Triste cadeau, ma mignonne,En pleurant sur son destin,Mon désespoir l’abandonneÀ ton caprice incertain.
« Cadeau », chanson : paroles de Charles Chambiet, musique de Louis-Alexandre Droccos
La Chanson ouvrière : édition trimestrielle des œuvres des poètes et chansonniers du prolétariat (1905-1905), nº 1 (1905, mars).