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La

Chanson de la semaine anglaise

Doublier, Maurice

jeudi 5 janvier 2023, par claude

Texte de Maurice Doublier (ca 1910). Musique par Louis-Alexandre Droccos (18..-1926).
1
Malgré la haine et le courroux
D’un patronat toujours rebelle,
La semaine anglaise, chez nous
Commence à faire parler d’elle,
Ne restons pas dans l’inaction,
Profitons de la circonstance,
Car cette revendication
Est pour nous de grande importance.
 
(Refrain)
Hardi, les gas ! Hardi,
Pour la semaine anglaise !…
Il faut que chaque samedi
Nous ayons notre après-midi
S’ils la trouvent mauvaise,
Tant pis pour nos patrons.
Ils pourront à leur aise
Brailler tant qu’ils voudront.
C’est la semaine anglaise
Que nous voulons
Et nous l’aurons !…
C’est la semaine anglaise
Que nous voulons
Et nous l’aurons !…
 
2
On finit tard le samedi
Et pour peu que notre compagne
De son côté travaille aussi,
Le dimanche, en fait de campagne,
C’est le ménage, c’est l’enfant,
Le blanchissage, la cuisine…
Quelle différence, vraiment,
Avec l’atelier ou l’usine ?
 
refrain
 
3
Des lois que fait le Capital,
Jamais rien de bon ne demeure
Et le repos dominical,
Tel qu’il existe, n’est qu’un leurre.
C’est à nous de le compléter
Et par notre effort inlassable,
D’en faire une réalité
Qui soit pour tous incontestable.
 
refrain
 
4
L’ouvrier n’est jamais content,
Clament d’aucuns, avec colère,
Nous connaissons le boniment
Et savons ce qu’il faut en faire.
Quels griefs n’inventeraient pas
En effet, tous ces bons apôtres
Si leurs femmes, en pareil cas,
Étaient à la place des nôtres.
 
refrain
 
5
C’est au cabaret, bien souvent,
Que nous galvaudons nos dimanches,
Nous les vivrons dorénavant
Loin du faubourg et sous les branches ;
Et le soir, quand nous reviendrons,
Si nous voyons la vie en rose
Ce sont les fleurs et les chansons
Qui seules en seront la cause…
 
refrain
 
6
Il nous faut aller de l’avant,
L’on n’a que ce que l’on sait prendre,
Et pour triompher aisément
Il ne s’agit que de s’entendre
Allons, les endormis debout !
Il est temps de dresser la tête
Et que là-bas, ici, partout,
À la lutte chacun s’apprêtent !…
 
refrain

http://anarlivres.free.fr/pages/biblio/complements_texte/ChansonsDoublier.html avec la note : « Au début du XXe siècle, la semaine de travail – de 60 à 72 heures — est de six jours ; le dimanche — “jour du Seigneur” — est chômé […]. Ce n’est que le 13 juillet 1906 que la loi légalise un repos de 24 heures après six jour de travail sans référence religieuse. Les syndicalistes réclament à cette époque la « semaine anglaise », du lundi au samedi midi, dans la perspective de la journée de huit heures (revendication du mouvement ouvrier depuis la fin du XIXe siècle). »


Paru aussi in : Almanach illustré de la Muse rouge pour 1914. — Paris : Maurice Doublier, [1913].

Publié aussi dans le recueil nº 1 (1920) de Nos chansons (1920-1930) de La Muse rouge.

Paru aussi in : Brécy, Robert. — Autour de La Muse rouge : groupe de poètes et chansonniers révolutionnaires, 1901-1939. — Saint-Cyr-sur-Loire : Christian Pirot, 1991. — 254 p. (p. 84).

Paru aussi in : Manfredonia, Gaetano. — Libres ! Toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes au XIXe siècle. — Lyon : Atelier de création libertaire, 2011 (p. 174-175).